tag:blogger.com,1999:blog-16458458498089062122024-03-19T14:15:29.957-07:00Geneviève OdierPhilosophie de vie et approche thérapeutique d'après la pensée de Carl RogersGeneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.comBlogger19125tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-82094457476036804492015-09-04T03:15:00.002-07:002015-09-04T03:15:49.921-07:00NOUS VOUS RAPPELONS QUE
ACP Pratique et recherche fête ses 10 ans !
Samedi 3 octobre 2015
A Paris
De 09h30 à 18h00
Au Studio le Regard du Cygne
210 rue de Belleville
75020 Paris
A l’occasion des dix ans de l’existence d’ACP Pratique et recherche, nous avons souhaité une rencontre avec celles et ceux qui nous ont accompagnés et soutenus dans cette belle aventure jusqu’à aujourd’hui ou qui nous rejoignent en cours de route. Il nous tient à cœur de partager avec vous notre expérience, notre engagement, notre enthousiasme et de passer un moment ensemble pour réfléchir à cette démarche exigeante qui nous interpelle. Pour cette journée, nous avons convié trois intervenants.
Colin Lago, Emmanuelle Zech, Jean-Marc Randin
Participation pour la journée 25€
Pour des questions d’organisation, si vous avez décidé de nous rejoindre,
nous vous serions reconnaissants de bien vouloir vous inscrire par email :
contact@acp-pr.org.
Nous nous réjouissons d’ores et déjà de vous accueillir.
Informations pratiques :
Lieu
Studio le Regard du Cygne
210 rue de Belleville
75020 Paris
Accès
En voiture : à 5 minutes de la Porte des Lilas
Métro : Ligne 11, stations : Jourdain ou Place des fêtes ou Télégraphes
Bus : N° 60, arrêt Pixérécourt
Stations Velib’ : N°19028, 19121, 19040
Lien pour le plan : http://www.leregarducygne.com/infos-pratiq
Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-38031901134564736052013-09-04T04:07:00.001-07:002013-09-04T04:07:19.728-07:00
Un regard différent sur la psychopathologie
Geneviève Odier
Geneviève Odier est psychothérapeute certifiée en Approche centrée sur la personne par l’IFRDP et agréée par l’Association Française de Psychothérapie dans l'Approche Centrée sur la Personne (AFP-ACP). Elle a suivi son cursus de psychologie à l’Université de Paris VIII et a complété ses études en obtenant un Diplôme d’études Supérieures Universitaires de Psychopathologie. Formatrice, facilitatrice et superviseure, elle est membre du comité éditorial de la revue ACP Pratique et recherche. Elle a écrit différents articles en lien avec l'Approche centrée sur la personne. Elle est également l'auteure de l’ouvrage Carl Rogers. Être vraiment soi-même, publié en 2012 chez Eyrolles.
Résumé
Pouvoir poser un autre regard sur la psychopathologie demande, après avoir défini ce terme d‘une part dans le contexte psychiatrique et d’autre part dans le contexte de l’Approche centrée sur la personne, de porter un regard sur soi et sur sa façon d’être au monde. Si nous reconnaissons l’incontestable interconnexion entre les individus, nous comprenons que ce que nous pouvons comprendre de nous-mêmes nous aide à comprendre les autres et réciproquement. La vision de Carl Rogers sur les capacités d’actualisation de la personne décourage, par son ouverture et son acceptation d’une réalité mouvante, toutes tentatives réductionnistes de cataloguer l’être humain. À travers une rétrospective de ses convictions, la nécessité de se libérer des conventions limitantes paraît évidente. Rogers nous conduit par sa foi inébranlable en un processus de vie fluide et directionnel dans une dimension spatiale où la dynamique d’une compréhension intuitive donne à notre conscience la possibilité d’élargir son champ d’exploration ; une tentative de percevoir une coïncidence parfaite entre soi et le monde.
Mots-clés : diagnostic, santé mentale, évaluation, congruence-incongruence, conscience de soi, actualisation.
Le terme psychopathologie, du grec : psukhê, qui signifie « âme » et pathos, qui signifie « maladie », désigne à la fois les troubles mentaux et l’étude qui s’y rattache. Cette discipline tente de comprendre, d‘expliquer et de remédier à la maladie psychique. Elle est principalement utilisée dans le domaine de la psychiatrie. Récemment, pour des raisons sociopolitiques plus que médicales, la psychopathologie s’est vue infiltrer différents champs non médicaux, entre autres, la relation d’aide et la psychothérapie. De nombreuses techniques et méthodes doivent, aujourd’hui, justifier d’un modèle psychopathologique ou au moins fournir une formation parallèle en psychopathologie à leur cursus pour valider leur activité. Ce sujet m’intéresse vivement et stimule ma réflexion. La question qui se pose est de savoir si l’Approche centrée sur la personne peut répondre à cette démarche et quels éléments de sa théorie pourraient éventuellement nourrir une telle entreprise. Sinon quelle autre lecture pourrions-nous avancer ? D’un point de vue strictement médical, qui dit maladie dit diagnostic, traitement et éventuellement guérison. Nous sommes d’emblée au cœur de notre débat. Est-ce que la souffrance psychologique, l’angoisse, le stress, la dissociation et bien d’autres manifestations apparentées à des troubles dits psychiques sont pathologiques, tels qu’ils sont définis dans la littérature psychiatrique? La douleur psychique c’est-à-dire la détresse est-elle une maladie ? C’est à ces interrogations que je me propose d’apporter quelques réponses.
La souffrance psychique, comme la souffrance physique, est difficilement quantifiable, mais les effets qu’elle produit et son intensité donnent des indices suffisamment explicites pour repérer si cette souffrance peut être considérée comme pathologique ou non. C’est du moins ce que disent les manuels diagnostiques. Revenir sur ces assertions serait un exercice périlleux et ce n’est pas mon objectif. Avant de poursuivre, je voudrais préciser que ma réflexion est guidée par la conviction qu’une autre façon d’envisager la souffrance de l’autre est possible. N’étant pas médecin, je ne me place pas sur un plan médical. Mon intérêt se porte sur un autre plan, celui des capacités de la personne à déclencher un processus d’autoguérison, ou plutôt un ajustement entre ses ressentis, ses valeurs et les exigences de l’environnement.
Depuis quelques années tout trouble ou toute difficulté psychiques semblent devenir pathologique et dans le meilleur des cas nous sommes tous des «névrosés » et plus récemment tous des « psychotiques ». De nos jours, il suffit d’avoir des difficultés pour dormir, une fatigue inhabituelle, d’être triste pendant une ou deux semaines pour être déclaré «dépressif». Franchement cela me paraît très exagéré. D’autres points de vue sont envisageables pour ne pas tomber dans ce genre de généralisations. Qu’il y ait souffrance psychique est un fait avéré, mais faut-il absolument cataloguer tous les maux psychiques ? Devons nous « guérir » de ces soi-disant maux ? Les cerner pour mieux les éradiquer ? Cela n’est probablement pas possible, ni même souhaitable. Car certains d’entre eux peuvent être considérés comme des difficultés transitoires, même s’ils se présentent parfois sous forme de blocages persistants provocants des « turbulences psychiques » de plus ou moins forte intensité et auxquels peut s’associer une détresse profonde. C’est ce que l’on peut observer dans les moments de croissance propres au développement. Ce sont des expériences souvent douloureuses, quelquefois explosives, cependant, elles sont incontournables puisqu’elles participent à notre évolution. Ces souffrances pourraient être observées comme le reflet de périodes de réadaptation nécessaires à notre évolution et non pas comme une maladie stigmatisante. D’autres perturbations, plus complexes et parfois plus invalidantes font l’objet d’une tentative de compréhension par le biais de moyens diversifiés, notamment les neurosciences. On constate une sorte d’amalgame entre les dommages provoqués par des évènements de vie extrêmement traumatisants sur des terrains parfois déjà très vulnérables, situations souvent répétées qui génèrent des difficultés majeures de réadaptation, et ces périodes d’adaptation, sorte de passages d’une étape de vie à l’autre, que l’on franchit plus ou moins bien selon notre patrimoine génétique, psychique, culturel, et compte tenu de notre situation familiale, sociale, professionnelle et environnementale. En proposant ces deux groupes, je me rends bien compte que je fais déjà des catégories, même très larges. Mais la réalité nous rattrape et nous force à constater la grande difficulté que nous rencontrons à communiquer avec certains de nos clients dans nos expériences cliniques. Il serait illusoire de penser que les capacités de chacun sont égales. Cependant, si certaines personnes particulièrement troublées demandent une attention spécifique, elles ont droit aux mêmes égards, au même respect, à la même considération non jugeante de leur état. C’est ce point sensible qui me mobilise ; sortir de la stigmatisation qu’infligent les étiquettes médicales. Et si, comme on a coutume de l’entendre, il est impossible de traverser la vie sans heurts et sans embûches, si on ne peut pas éviter la souffrance, les pertes, les dommages, ni éliminer les préjudices, les épreuves et les blessures, on peut essayer de les vivre autrement pour ne plus les subir. Cette une question de conscience, d’acceptation et de regard, celui que l’on pose sur soi et celui que l’on pose sur l’autre.
Modèle médical
Il y a beaucoup de modèles de psychopathologie, aujourd’hui. Chacun fournit des apports précieux. Parmi ceux qui font référence actuellement, nous pouvons en citer deux qui présentent en de nombreux points une vision très différente de la pensée de Carl Rogers qui sera détaillée plus loin. Le premier est le modèle psychiatrique qui classifie les pathologies mentales en fonction de l’observation des symptômes du patient. Le second est le modèle psychanalytique initialement élaboré par Freud, qui décrit une structuration complexe de la psyché. Les apports de ces deux modèles se sont conjugués. Le modèle diagnostique actuellement en vigueur a intégré à son classement des troubles mentaux des notions psychanalytiques, notamment les structures psychiques décrites par Jean Bergeret (Bergeret, 1998, pp. 152-234) , célèbre psychiatre et psychanalyste du 20e siècle. Ces structures psychiques, au nombre de deux, sont la «structure psychotique» et la «structure névrotique». Entre les deux se trouve une catégorie aménagée, une «astructuration» qu’il a nommée les «états limites» (borderline). Ces catégories structurelles sont très restrictives et l’on en connaît aujourd’hui les excès et les limites. Dans les dernières décennies, ces structures tendent à se fondre l’une dans l’autre. De même, les classifications des pathologies ont considérablement évolué. Elles sont désormais découpées en de multitudes troubles dont les critères très détaillés de chacun appartiennent à plusieurs pathologies, ce qui rend le diagnostic flou et incertain. Les patients souffrants de troubles psychiques ne sont plus des personnes, mais des psychotiques, des névrotiques, des obsessionnels ou autres bipolaires. Ces termes sont malheureusement désormais assimilés dans le langage commun. La stigmatisation du « patient » par ces désignations pathologiques est la conséquence qui provoque à la fois le plus de dommages et le plus de questionnements. Les spécialistes en psychopathologie essayent de sortir des catégories « névrose » et « psychose » jugés trop dépréciatifs, mais malgré leurs efforts elles restent néanmoins des références tenaces. L’évolution de la terminologie pour désigner les troubles psychiques suit depuis toujours un parcours chaotique et aucun terme adéquat ne semble encore satisfaisant. Nous sommes passés de la folie à l’aliénation, à la maladie mentale, à la pathologie mentale et récemment au trouble mental. Aujourd’hui, on préfère le mot désordre à celui de trouble et les politiques essaient de trouver un consensus européen sur la définition de la « santé mentale ». Progressivement, nous sommes passés de maladie à santé. Faut-il voir là une progression ? Peut-être qu’en parlant de santé nous allons nous rapprocher de la pensée de Carl Rogers ? Mais ce serait faire preuve de trop d’optimiste. Hélas, ce qui se dessine aujourd’hui est bien différent. Il ne s’agit pas de regarder l’individu comme basiquement sain, mais de repérer ses éventuelles tendances à devenir un « malade mental ». Cette façon de voir les choses laisse à penser que nous sommes toujours en sursis et qu’une prédisposition à une pathologie mentale plane au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès. Penser que notre « santé mentale » est toujours menacée ou potentiellement à risque nous rend d’une part vulnérables par le caractère quasi inéluctable que cela sous-tend, et d’autre part dépendants puisque l’appréciation et le remède viennent toujours de l’extérieur ; la solution est dans le verdict de l’expert. Tout laisse à penser que le but de cerner le trouble mental soit de l’isoler, le tenir à l’écart et ainsi se sentir protégé. Précaution totalement illusoire puisque, selon un mécanisme bien connu (introduit par Freud et utilisé en psychiatrie et en psychologie), toute projection (rejet de l’intérieur vers l’extérieur) de ce qui est souvent considéré comme négatif revient en force sous un aspect encore plus menaçant. Nous sommes donc encore loin de la pensée de Rogers. Il y a maintenant plus de soixante ans que Rogers s’est distingué de ses contemporains par ses apports révolutionnaires. L’un d’eux est sa prise de position qui consiste à passer d’une approche centrée sur la maladie à une approche centrée sur la santé. Autrement dit passer du pathologique à la normalité. À notre époque, la catégorie des «normaux» tend à disparaître. Ce n’est pas que le mot « normal » me convienne particulièrement, car bien sûr qui dit normal dit aussi pathologique. La norme est établie par le plus grand nombre de ceux qui se reconnaissent dans les mêmes valeurs. Valeurs souvent incorporées et rarement réévaluées. Évidemment, il ne s’agit pas, comme je l’ai déjà souligné, de nier l’évidence en refusant d’accepter les difficultés ou les différences d’adaptation des personnes. Les troubles psychologiques existent, les états de souffrance sont bien réels. Mais, trouver des termes moins clivants éviterait toute comparaison, discrimination entre les individus. Parce que pour le moment on n’a pas beaucoup de choix, si on n’est pas normal, on est fou ! Et c’est sans doute pourquoi le principal objectif de chacun est encore aujourd’hui d’être « normal ». Quel thérapeute n’a pas entendu (ou dit lui-même) « vous croyez que je suis ‹ normal » ? Ou encore : « c’est normal de penser ça ? » La « folie » fait toujours aussi peur, surtout de la façon dont elle est considérée, tantôt comme une fatalité, tantôt comme la conséquence d’un comportement jugé inadapté. Elle implique de toute façon répression, culpabilité, honte, humiliation, voire déshumanisation. Il serait temps d’élargir ou de sortir de ce paradigme. Mais revenons aux catégories des pathologies. Les supprimer n’est pas simple et pose le problème du langage commun entre professionnels si tant est que ces derniers s’accordent sur la définition de ces mêmes catégories. L‘interprétation de chacun, inévitablement subjective, mène à des différences de diagnostic parfois absurdes. Aujourd’hui, malgré les tentatives de les éliminer, la névrose et la psychose restent les deux grandes catégories regroupant à peu près tous les troubles, et tout le monde semble avoir une idée, même vague, sur le sens général de ces termes. L’avantage est que cela nous permet une compréhension rapide bien que très imprécise, mais plus ou moins consensuelle, du genre de trouble que présente un individu. Une référence commune entre les professionnels de la santé, comme on dit maintenant. Mais, une fois qu’elle a son étiquette, en quoi cela aide-t-il la personne qui souffre ? Il semble que cela produise davantage de confusion que de solutions, car les différentes pathologies répertoriées sont devenues si populaires que nous nous les accrochons nous-mêmes. Qui n’a pas sa petite parano ou ses petites phobies ? Si cela nous conduisait à prendre un peu de distance et à avoir un regard sur soi plus objectif, nous pourrions repérer nos schémas répétitifs, mieux nous comprendre et progresser. Alors ce serait bénéfique. Car au fond ce ne sont pas les catégories en elles-mêmes qui sont gênantes, mais le jugement négatif qu’on y attache. Pathologie, maladie, diagnostic, psychose, névrose ne seraient pas nécessairement des termes à « bannir », s’ils ne définissaient pas un état figé. Et surtout s’ils n’entraînaient pas une considération négative de la personne en la plaçant dans une catégorie enfermante et en lui attribuant une étiquette dont elle ne peut plus se débarrasser. Que ces qualifications nous soient octroyées par un expert ou que nous nous les approprions nous-mêmes, l’effet est le même. Elles enferment et désignent une maladie plus ou moins définitive puisqu’elles s’appuient sur des structures fixes dont les limites sont infranchissables. Elles aboutissent à considérer la personne comme un malade, un patient qui se définit par sa pathologie, ce qui le sépare de ceux qui ne sont pas malades. Difficile d’échapper au jugement. Difficile d’échapper aux catégories auxquelles la personne s’identifie et dont l’effet pervers est qu’elle y adhère tellement qu’elle finit par y trouver un certain confort. Elle perd ainsi sa propre responsabilité et ses capacités à se sortir elle-même de ses difficultés, ses possibilités de changement sont amoindries.
Un regard différent sur les troubles psychiques
L’Approche centrée sur la personne nous propose-t-elle une forme de psychopathologie ? Je suis tentée de dire non. Simplement parce que je me demande si on peut parler de psychopathologie en Approche centrée sur la personne ? Avec le terme « psychopathologie » nous sommes d’emblée dans un paradoxe puisque ce terme implique qu’il y a : « une pathologie du psychisme », c’est-à-dire une maladie. En Approche centrée sur la personne, l’optique est très différente. La notion de maladie n’est pas prédominante bien que le trouble psychique soit pris en compte, bien entendu, mais d’une manière non isolée. La conception de la personne prime sur celle de son éventuelle maladie. Indépendamment de ses troubles, c’est la personne dans son entièreté qui intéresse le psychothérapeute centré sur le client. Elle bénéficie d’une attention primordiale sur son intégrité, sur sa spécificité en tant qu’individu unique. Le trouble psychologique est inclus dans la totalité de la personne sans être exclusif des autres parties. Autrement dit, une partie en bonne santé qui fonctionne d’une manière adéquate cohabite avec une partie souffrante, maladaptée. La personne reste considérée dans son ensemble à un moment donné. Saisir l’instantanéité est important puisque les notions de mouvement, de fluidité, de non-fixité sont capitales dans cette approche. C’est ce qui se passe maintenant, dans la réalité fugace qui permet d’être au plus proche de l’expérience du client. Le mouvement interne est en recherche continuelle d’adaptation. Par adaptation il faut entendre une aspiration permanente d’un équilibre, une congruence. Chaque stress, traumatisme ou simple expérience de vie demande un réaménagement psychologique. Un nouvel équilibre de l’organisation psychique doit s’établir. Ce temps nécessaire de réadaptation est souvent accompagné par une augmentation de l’incongruence qui prend fin quand une nouvelle synthèse entre la nouvelle expérience et les valeurs internes est organismiquement intégrée. Il n’y a pas de place pour la fixité, mais pour une régulation constante. Cette position valide la notion de processus et explique pourquoi Rogers ne s’intéresse pas à une organisation structurelle du psychisme qui rendrait compte de la détermination des troubles. Une personne considérée dans sa globalité ne peut être réduite à une maladie. Le terme pathologie n’a donc pas sa place dans cette approche et de fait le diagnostic devient inutile. L’Approche centrée sur la personne est une approche holistique dont tous les éléments interagissent. Il n’est pas pertinent de s’intéresser à un seul d’entre eux sans tenir compte de l’ensemble. Cette approche est une méthode psychothérapeutique et non un modèle des troubles psychiques. C’est une distinction capitale. Rogers s’intéresse à la santé et aux capacités de l’organisme global de son client dans son processus d’autoguérison et non à soigner et guérir une maladie. Quelle que soit la perturbation dont souffre l’individu, il considère qu’elle ne fait pas partie intégrante et fondamentale de la personne. Ces considérations changent les objectifs du psychothérapeute centré sur le client, qui s’attache à la compréhension du monde interne de son client, à la meilleure façon de l’accompagner, de l’aider à relancer son processus de croissance lorsqu’il est interrompu ou bloqué. Les notions de processus et d’actualisation renvoient à la perspective d’une organisation psychique non définitive. Cela suggère de grandes possibilités de changement. Même en acceptant un certain déterminisme, ce principe de fluidité et d’adaptation souligne le caractère évolutif que Rogers accorde à la personne et lui restitue ainsi un pouvoir sur elle-même et sur sa façon d’être et d’agir. En s’intéressant principalement au ressenti de son client, le psychothérapeute prend en compte les contenus subjectifs qui lui sont confiés. Il y a une grande différence entre ce que nous croyons comprendre d’une personne en souffrance à travers une grille de lecture généralisée et ce qu’elle-même peut en dire d’un point de vue strictement personnel. C’est le passage d’une évaluation normative médicale et sociale à une perception subjective de l’individu. Si le client est considéré dans son unité et qu’une attention particulière est donnée à son expérience intime, le contexte dans lequel il évolue joue évidemment un rôle essentiel. C’est l’influence réciproque d’une dynamique interne et de l’environnement en interrelation constante, qui donne une flexibilité et une ouverture vers une actualisation positive. Et si parfois l’évolution de la personne est faible, voire quasi nulle, elle ne peut être exclue. Rogers ne s’intéresse pas à la pathologie mentale ni aux catégories nosographiques, beaucoup trop enfermantes. Il dit que cela est inutile dans le cadre de la psychothérapie.
Pour Rogers, la tendance actualisante est inhérente à tout individu. Elle est le ferment de l’évolution et pousse chacun à se diriger vers l’actualisation de ses potentiels, vers un développement positif de sa personnalité. Dans Un manifeste personnaliste, il réaffirme avec force sa conviction : « […] il y a dans l’organisme humain une source d’énergie directionnelle ; [que] cela correspond à une fonction digne de confiance, propre à l’organisme tout entier plutôt qu’à une partie de celui-ci ; et qu’elle est peut-être la mieux représentée comme une tendance vers l’accomplissement, vers la réalisation, non seulement vers la préservation, mais aussi vers l’épanouissement de l’organisme » (Rogers, 1979, p. 193). Cette tendance organismique est le fondement de toute motivation humaine. Cependant, pour que ce processus d’adaptation soit effectif un climat de facilitation est indispensable. S’il n’est pas présent, il se produit chez l’individu ce que Rogers nomme une cassure. Tout être est soumis à des exigences organismiques et environnementales qu’il se doit d’accorder pour conserver une harmonie interne. Dans sa théorie de la personnalité (Rogers, 1959), Rogers décrit le processus de développement de la personnalité. Il y détaille les besoins de l’enfant nécessaires à son épanouissement et ce qui provoque l’apparition des distorsions quand les conditions de chaleur et de respect ne sont pas fournies. L’individu a besoin d’amour, de sécurité, de reconnaissance, de gratification. Il a besoin de voir dans le regard de l’autre le reflet de ses qualités pour en mesurer la présence en lui, se sentir exister et accepté. Pour Rogers, la réponse au besoin d’amour est le regard positif inconditionnel. Il le décrit comme un besoin essentiel, primaire, nécessaire et indispensable à l’enfant, et plus tard à l’adulte, pour qu’il puisse s’affirmer, gagner confiance en lui et s’épanouir. Pour satisfaire ses besoins d’amour et de sécurité si précieux à une évolution optimale, l'individu va intégrer des valeurs externes, au détriment des siennes. Ainsi va se constituer un concept de soi en partie éloigné des valeurs organismiques. Dans certaines situations, l’individu ne parviendra pas à garder une cohérence entre l’expérience et le concept de soi ; c’est alors qu’apparaît la « cassure ». La personne va fonctionner sur deux modes, un organismique qui lui est propre et l’autre socialement adapté, mais en désaccord avec le premier. Rogers précise : « La satisfaction ou l’accomplissement de la tendance à se réaliser en est venue à bifurquer en des systèmes comportementaux incompatibles dont l’un peut prédominer à un moment donné, et l’autre prédominer à un autre moment, mais au prix d’efforts et d’inefficacité continuels » (Rogers, 1979, p. 200). En effet, malgré ses diverses tentatives, malheureusement infructueuses de maintenir un équilibre, la personne va se trouver dans un état d’incongruence plus ou moins intolérable. C’est cet état conflictuel qui provoque une dissociation. Rogers nous donne sa définition du terme pathologie : « La dissociation qui existe en la plupart d’entre nous est le pattern et la base de toute pathologie chez l’homme aussi bien que la base de toute sa pathologie sociale » (Rogers, 2011, p. 86). Pour lui cette dissociation est transmise : « J’en suis venu peu à peu à considérer cette dissociation, cette cassure, cette aliénation, comme quelque chose d’appris, une façon dénaturée de canaliser une part de la tendance à se réaliser pour la transformer en des comportements qui ne permettent pas la réalisation de soi » (Rogers, 1979, p. 199). Les perturbations que provoque cet apprentissage dénaturé sont un véritable frein à l’épanouissement, la personne est loin de son soi profond, elle ne peut pas être elle-même. Cependant, ce qui a été appris peut être regardé et réévalué. Pour cela, Rogers nous incite à prendre conscience de nos distorsions. Sa conception de la compréhension de l’incongruence repose sur la conscience de soi. C’est en développant notre connaissance de nous-mêmes, en regardant ce qui se passe en nous, en acceptant et en symbolisant notre « experiencing » que nous comprendrons nos malaises, nos difficultés psychologiques, notre incongruence. Pour experiencing, intraduisible en français, j’ai choisi d’utiliser l’expression « expérience immédiate », qui à mon avis traduit le sens de : « ce qui est en train d’être vécu ». La conscience de soi permet de comprendre ses émotions et de donner du sens à ses expériences immédiates. Cela implique d’être en contact avec son noyau organismique. C’est-à-dire être à l’écoute sensible d’une résonance interne en lien avec l’expérience immédiate pour que sa symbolisation et son intégration dans le concept du soi soient possibles. Plus la conscience de soi grandit plus la personne se fait confiance et se laisse guider judicieusement par son ressenti. Les perceptions de l’environnement sont plus distinctement perçues et mieux interprétées. Elles permettront des actions justes et appropriées. La personne sera congruente. Les prises de conscience participent au processus d’autoguérison. S’il y a « guérison », elle se fait d‘elle-même si j’ose dire, elle vient en relais de la compréhension de son fonctionnement, de cette conscience de soi. Sans intervention extérieure. Le comportement aussi est modifié et s’harmonise aux évènements. Rogers dit qu’il y a changement de personnalité. Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce qui change en réalité ? La personnalité ? Le comportement ? Où s’agit-il des potentiels de développement de la personne qui sont libérés ? C’est-à-dire qui étaient déjà là, et qu’avec la conscience de soi, leur épanouissement devient possible. D’une certaine manière, le processus d’actualisation des potentiels consiste à réaliser ce qui est déjà présent, enfoui et non développé plutôt que d’ajouter quelque chose qui n’y serait pas. Être en contact avec son soi profond, avoir une conscience de soi plus fine permet aussi d’être en contact avec autrui dans une relation et une communication directes. Une manière fluide d’être présent au monde. La personne acquiert un regard objectif sur sa propre subjectivité, elle va trouver une liberté d’expression qui ouvre la voie de l’autonomie et de la liberté.
Nous sommes loin de la vision d’un patient enfermé dans une maladie généralisée. En Approche centrée sur la personne, il n’y a pas de modèle unique qui puisse servir de référence pour rendre compte de la détresse humaine, sans compromettre la diversité de chacun. L’incongruence entre le concept de soi et l'expérience immédiate est la source des distorsions. C’est le seul principe déterminant, cause de toutes les perturbations, signe d’une intégration partielle de la personnalité réelle de la personne. Elle indique un accès limité à la conscience de soi et un blocage du processus d’actualisation. L’incongruence a une durée et une intensité propre à chacun. Ce mécanisme ne trouve sa résolution que dans une exploration intime et une compréhension personnelle de l’individu par lui-même.
Une alternative à la psychopathologie
J’ai avancé l’idée que la psychopathologie n’avait pas sa place dans l’Approche centrée sur la personne en démontrant que le concept « malade » n’était pas pertinent pour cette approche. Il n’y a donc aucune possibilité de présenter un modèle de compréhension des souffrances psychiques dans ce contexte. Établir des catégories de perturbations psychiques est tout à fait paradoxal et incompatible avec les valeurs de l’Approche centrée sur la personne. Pour moi, il n’y a pas de catégories suffisamment spécifiques pour rendre compte des distorsions sans risquer de provoquer chez l’individu une représentation floue et approximative d’un trouble auquel il cherche néanmoins à s’identifier, et dont l’effet néfaste serait de l’éloigner encore un peu plus de lui-même. En revanche, une autre démarche peut-être envisagée. L’incongruence responsable de l’apparition des perturbations psychiques a une intensité, une durée et une rigidité différentes selon l’importance des perturbations. Je vais tenter de présenter une « modélisation » des différents « degrés d’incongruence ». Nous verrons que cette proposition va soulever un certain nombre d’interrogations sur lesquelles je reviendrai.
L’Approche centrée sur la personne est une philosophie de vie dont l’éthique et les valeurs sont incontournables pour tenter d’élaborer une « évaluation » des degrés d’incongruence. Je dis évaluation entre guillemets, car le choix de ce terme soulève quelques discussions. Je ne voudrais pas jouer sur les mots en remplaçant diagnostic par évaluation, ou pathologie par perturbation. L’idée d’utiliser le terme « évaluation » est de souligner la différence capitale entre un diagnostic qui implique une vision uniquement externe, une vision subjective de celui qui le pose, donc sujette à l’erreur d’interprétation, et une estimation qui fait référence à une co-évaluation basée sur l’écoute profonde et le dialogue dans une relation où l’intersubjectivité et la co-participation client/thérapeute sont prédominantes. Bien que cette démarche puisse présenter un intérêt théorique, il est bien entendu exclu qu’un matériel de réflexion de cette nature soit utilisé dans le cadre de la thérapie elle-même. Rappelons que la qualité de la relation thérapeutique est majeure et que pour que le principe de non-directivité soit respecté aucun élément extérieur au cadre de références du client ne peut être pris en considération.
Une grille de lecture pour rendre compte des différents degrés d’incongruence
Pour élaborer ce modèle, je me suis appuyée sur la théorie de la personnalité de Rogers, dans laquelle il nous fournit un schéma de fonctionnements psychiques et de mécanismes de la formation des distorsions au cours du développement, comme je l’ai évoqué plus haut. C’est donc parce qu’il y a incongruence que la personne est dans un état de détresse psychologique. Un état plus ou moins installé, qui se décline sur différents niveaux et s’inscrit dans un processus d’évolution ou de désorganisation qui varie selon les évènements et les prises de conscience. Ma proposition est de distinguer différents degrés d’incongruence en fonction de ce que le client montre et raconte de lui. J’ai sélectionné un certain nombre d’items, tous issus de la théorie de la personnalité, qui pourraient donner des indications permettant de repérer ces degrés d’incongruence : la conscience de soi ; la conscience de l’incongruence ; la cohésion du concept de soi, sa fluidité, sa vulnérabilité, sa rigidité ; le niveau d’anxiété ; la difficulté de perception et de symbolisation de l’expérience immédiate ; le contact avec le centre d’évaluation interne ; l’importance de l’estime ou de la mésestime de soi ; l’accès aux sentiments ; l’autonomie par rapport au regard de l’autre ; la difficulté du client dans sa prise en charge de lui-même, l’adhésion ou le renoncement à sa responsabilité et à sa pensée propre.
Dans cette perspective de modélisation, j’envisage de rassembler les différents degrés d’incongruence sur un continuum. En se plaçant à n’importe quel point de ce continuum, on peut se diriger vers le plus haut degré de maturité. Mais on peut aussi comprendre que si nous glissons à un degré inférieur, cela ne signifie pas devenir malade, mais signale la recherche d’un nouvel équilibre. Avec le continuum, nous dépassons le normal et le pathologique. Puisqu’on ne parle pas de pathologies, mais de différents stades d’intégration, la maladie ne s’oppose plus à la santé, nous n’avons plus à les identifier l’une par rapport à l’autre. Plus besoin de définir la maladie ou le trouble psychique en fonction d’une norme, ni la norme en lien avec la pathologie. Comme nous nous plaçons dans l’optique d’une « bonne santé mentale », l’observation des niveaux d’incongruence pourrait aussi être considérée comme une description des principales étapes de maturité psychologique, ce qui n’est pas sans rappeler les étapes du processus thérapeutique. Puisque nous nous situons dans une approche dont le postulat est la conviction que la personne se dirige vers la meilleure actualisation de ses potentiels, j’ai nommé ce modèle : Continuum d’actualisation de la personne. Ce continuum comprend six degrés d’incongruence. Constitué de quatre piliers essentiels, tous inspirés des concepts de la théorie de la personnalité, il repose sur un schéma assez simple :
a) L’incongruence, seule source des troubles. Son but est de rendre supportable l’anxiété que provoque le conflit entre l’expérience immédiate et le concept de soi, ce dernier devant rester cohérent.
b) Les défenses : déformation, rejet et déni (en dessous du niveau de conscience) de l’expérience immédiate.
c) Les conséquences : ces systèmes de défense influencent la perception de l’expérience immédiate. Elle est : tronquée (partiellement symbolisée) ; déformée par rationalisation (symbolisée déformée) ; rejetée ou retenue en dehors du champ de la conscience (non symbolisée).
d) Les perturbations, manifestation de l’incongruence.
Ces mécanismes vont faire apparaître des dysfonctionnements chez la personne dont les signes observables sont multiples. Ils sont représentés par la fragilité, l’irritabilité, la confusion, les réactions émotionnelles absentes ou extrêmes, l’agitation, l’agressivité, les émotions et les sentiments qui paraissent décalés par rapport à l’expérience immédiate, une perte de sens, une perte de contact avec la réalité (communément partagée), etc. Sous ces symptômes sourd l’angoisse, à laquelle Rogers accorde un rôle déterminant. Il dit : « L’angoisse correspond à une prise de conscience latente du sujet du conflit existant entre son soi et la totalité de son expérience. L’angoisse constitue la réaction de l’organisme à la subception de cet état de désaccord et au danger de prise de conscience, qui exigerait une modification de la structure du soi » (Rogers, 1973, p. 186).
Ce continuum s’étend du premier degré d’incongruence (A = minimum), niveau le plus faible, jusqu’au degré le plus élevé (F= intolérable). C’est-à-dire de l’intégration qui caractérise un état de complétude et d’intériorité à la désorganisation majeure qui signifie un état de désadaptation, voire un morcellement, état où l’individu peut perdre jusqu’à la sensation d’existence. Chaque degré est ensuite étayé par les items issus de la théorie de la personnalité, énumérés plus haut. Ces critères nuancés dans leur expression, leur présence ou leur absence sont pris en fonction de leur intensité et fournissent une indication sur le degré d’incongruence. À chaque stade de ce continuum, les personnes peuvent avoir les mêmes attitudes, difficultés ou défenses, seule la durée de leur manifestation varie. Un état d’incongruence passager chez quelqu’un qui a un niveau d’incongruence léger, ce qui peut correspondre à un moment de croissance et d’adaptation, peut s’installer et s’aggraver chez une personne qui se trouve à un niveau d’incongruence élevé. Les prises de conscience dans le premier cas permettent d’affronter et d’accepter la réalité. Cela concerne les personnes qui fonctionnent plutôt bien, qui sont bien intégrées. Elles font, la plupart du temps, confiance à leur propre jugement, mais peuvent également avoir des perturbations ponctuelles suivies d’une stabilisation plus ou moins rapide. Dans le second cas, il est trop dangereux de reconnaître le conflit et les prises de conscience sont plus difficiles ou ne peuvent pas avoir lieu. Mais ces mêmes personnes peuvent avoir des prises de conscience suivies d’intégration. Cependant, plus le degré d’incongruence est élevé, plus le danger est grand et plus les prises de conscience sont rares. Ces différents degrés d’incongruence nous permettent de repérer l’expression inhibée et les comportements inadaptés qui sont les manifestations d’un conflit interne que le client tente de gérer en recherchant un nouvel équilibre.
Toujours dans un intérêt théorique je propose, ci-dessous, une échelle d’évaluation des différents degrés d’incongruence de ce « continuum d’actualisation de la personne »
A- Degré d’incongruence minimum, épisodique → structurant
B- Degré d’incongruence de léger à moyen, partiel → fragilisant
C- Degré d’incongruence de moyen à important, intermittent → insécurisant
D- Degré d’incongruence d’important à profond, fort → déstabilisant
E- Degré d’incongruence de profond à extrême, intense → dissociant
F- Degré d’incongruence d’extrême à intolérable, permanent → déstructurant
Le continuum d’actualisation de la personne ne sera pas présenté ici dans sa forme complète. Il est encore en élaboration et pourrait faire l’objet d’une prochaine publication.
Cette « évaluation » ne constitue pas un système d’étiquetage. Elle a pour objectif de donner une information sur la disposition temporaire d’une personne. Les degrés d’incongruence sont transitoires puisque, comme son nom l’indique, ce continuum d’actualisation suppose que plus on se rapproche du premier degré plus la personne sera congruente et fonctionnera au mieux de ses possibilités. Tout individu selon ses expériences peut se trouver à des degrés d’incongruence différents au cours de son existence. Cela correspond à une étape ou une compréhension de soi plus fine suivie d’une intégration.
Plusieurs réserves pourraient être faites à cette proposition. On pourrait lui reprocher, par exemple, de susciter la tentation de hiérarchiser ces différents degrés en échelle de valeurs, au lieu de les considérer comme un simple éclairage, une information sur un état temporaire. Ou bien on pourrait la soupçonner d’inciter le psychothérapeute à, d’une certaine façon, se « dédoubler » puisqu’il doit être à la fois centré sur son client, en laissant au maximum son cadre de références (dont la théorie fait partie) à l’extérieur de la relation, selon les principes essentiels de l’approche, et suffisamment vigilant pour repérer si les éléments permettant de situer le degré d’incongruence sont manifestes ou non chez son client. Ces deux attitudes sont-elles compatibles dans un même temps ? À cette interrogation, un rappel s’impose. Si en Approche centrée sur la personne le client est considéré dans sa globalité, sans qu’aucune partie de lui ne soit écartée, il en est de même pour le psychothérapeute. Ce dernier est tout aussi entier, il est authentique et n’affiche pas davantage une façade d’expert qu’il ne dissimule une partie de ses connaissances. Tout ce qu’il est, ce qu’il a compris de lui-même, ce qu’il a acquis, toutes ces expériences sont au service de son client. Le thérapeute ne fait pas, pour autant, un exposé de son savoir puisqu’il représente, tout simplement, ses références à lui et non celles de son client. Tout est présent en même temps et ne distrait en rien l’écoute empathique. Se pose, alors, la question de savoir comment et à quel moment utiliser ses connaissances théoriques ? Ici aucune ambiguïté n’est possible. Tout apport théorique n’a pas pour but de modifier la « méthode » thérapeutique de l’Approche centrée sur la personne, mais de pouvoir progresser dans un meilleur accompagnement des clients. Alors que faire de cette évaluation ? Ce continuum peut avoir une utilité dans le cadre de la recherche et du partage d’expériences entre professionnels afin de consolider les bases de notre approche. Il n’a bien sûr aucune vocation à être partagé avec le client, comme tout support théorique d’ailleurs. L’aspect expérientiel de la relation thérapeutique n’est pas remis en cause. À chaque séance, il faudrait, autant que possible, « oublier » toutes les informations des précédentes séances et pouvoir poser un regard positif inconditionnel « neuf » sur son client. Enfin la question : « en quoi cela sert-il le client ? » pourrait être posée. C’était une question chère à Rogers. S’il est admis que l’Approche centrée sur la personne ne propose qu’une seule façon d’être pour tous, que chaque relation avec un client singulier est unique, cela implique qu’il y a une différence entre les diverses relations thérapeutiques. Le psychothérapeute s’ajuste selon les besoins de son client. La reconnaissance des différents degrés d’incongruence peut donner une indication sur une modulation éventuelle des trois attitudes nodales nécessaires et suffisantes que sont la congruence, la compréhension empathique et le regard positif inconditionnel, au cours de la thérapie. Par modulation j’entends une variation de l’intensité de ces trois attitudes en résonnance aux difficultés d’adaptation et de compréhension de lui-même du client. C’est l’unique latitude que ce continuum permet, mais elle est capitale, car elle signe le caractère exceptionnel de chaque rencontre.
Derrière cette démarche théorique se profile aussi l’idée de démontrer que l’Approche centrée sur la personne n’est pas « incomplète », mais qu’elle est au contraire d’une richesse et d’une profondeur dont certains jeunes thérapeutes doutent parfois. Avec une meilleure intégration personnelle des attitudes, une étude plus complète des principes, une application rigoureuse et une vraie conviction de la validité de notre approche, nous n’avons non seulement pas besoin d’aller chercher dans d’autres théories ce qui manquerait à notre approche, mais nous devrions nous sentir sereins et confiance dans l’efficacité d’une méthode toujours moderne et dont beaucoup continuent à s’inspirer. Les valeurs humanistes et phénoménologiques que l’Approche centrée sur la personne défend me semblent de plus en plus pertinentes dans un monde en perte de repères. Entre autres positions de l’approche, celle qui consiste à ne pas enfermer les personnes dans des catégories, mais au contraire à revendiquer l’unicité des individus m’apparaît encore plus cruciale de nos jours. Je pars du principe que dans chaque individu, quels que soient son organisation psychique, ses apports génétiques, ses croyances, son contexte familial, social, culturel et environnemental, un équilibre peut être trouvé. Une stabilité qui lui donnera la possibilité de fonctionner d’une manière satisfaisante, la plus optimale possible selon les potentialités d’agencement de ses différentes propriétés. Quelle que soit la disposition de chacun, il y a toujours la possibilité d’élargir son champ d’exploration psychique et d’atteindre un niveau de conscience de soi plus complexe. Cette actualisation permet d’évoluer vers une adaptation harmonieuse.
Un regard sur soi pour mieux comprendre les autres
Utiliser des catégories, quel que soit le domaine, conduit au jugement, à l’intolérance, à la ségrégation, à l’exclusion. Dans un automatisme qui nous échappe, nous le faisons sans cesse, cataloguer, critiquer, discriminer. Pour moi, cette façon de se comporter, outre les séquelles éducatives que cela représente, dénote un besoin de contrôle dont l’objectif est de se sécuriser. Exercer un contrôle sur l’extérieur donne l’impression que l’agitation interne, l’anxiété latente, l’incongruence se dissipent. Mais ce n’est qu’une illusion. Lorsqu’on croit savoir pour l’autre, dans une certaine mesure, on se sent rassuré sur sa propre condition et c’est ce qui nous empêche de le voir tel qu’il est. Nous avons l’habitude de prendre plutôt que de recevoir. Prendre des décisions plutôt que de les laisser émerger spontanément en accord avec la situation. Prendre des nouvelles de l’autre au lieu d’être disponible à écouter ce qu’il est prêt à nous dire de lui. Prendre conscience plutôt que se laisser pénétrer par la conscience. Cette façon d’agir nous plonge dans une action plus ou moins frénétique, dans « le vouloir comprendre », le « vouloir maîtriser », le « faire », au détriment d’un état de « laisser-aller », de « laisser s’exprimer » un état « d’être ». Mais se laisser couler dans ce qui pourrait paraître de la passivité nous donne l’impression de perdre le contrôle et engendre de la peur. Et comment ne pas avoir peur de ce que nous ne comprenons pas ? Rogers dit que le changement fait peur et par cette phrase : « J’ai appris qu’il n’y a essentiellement rien dont on doit avoir peur » (Kirschenbaum, 2007) , il nous encourage à regarder plus sereinement en nous-mêmes. Lorsqu’il nous incite (nous les psychothérapeutes) à intégrer au mieux les trois attitudes nodales, cela signifie : tendre le plus possible à accepter la réalité. La réalité de ce que nous sommes, avec nos qualités et nos défauts, nos forces et nos faiblesses, nos peurs et notre courage, comme les deux faces d’une même pièce. Et cela signifie aussi accepter la réalité de l’autre. Car appréhender l’autre dans sa propre nature nécessite, d’une part, de le considérer en situation, et d’autre part de pouvoir poser sur lui un regard non limité par les normes, un regard dépourvu d’opinions préétablies et de toute expectative. C’est-à-dire un regard neuf, plein de curiosité et d’attention qui permettrait de s’intéresser à d’autres visions du monde sans avoir peur de l’inconnu. Pour saisir le monde intime de l’autre, il faudrait pouvoir inverser l’axe de l’observation, partir de lui et non de soi, et se laisser traverser par une nouvelle connaissance, tout en gardant une capacité d’étonnement dans un état d’ouverture et d’accueil. C’est à cette découverte que l’Approche centrée sur la personne nous invite ; comprendre un monde inconnu, celui du client. Cette perspective nous demande de réexaminer ce que notre propre souffrance, notre incongruence, nos craintes nous disent de nous, de notre façon d’être au monde, et nous place au cœur d’une dimension philosophique et spirituelle. La spiritualité, pour moi, représente une quête de l’esprit. Une tentative de toucher l’expérience immédiate du réel, dépouillée de ces conditionnements. Autrement dit, une recherche de ce qu’il y a au plus enfoui de nous, en deçà des dogmes, des croyances et même des certitudes. Une exploration profonde de soi-même qui fournirait une réponse spontanée à l’exigence organismique et mènerait à la liberté d’être. Cet espoir d’autonomie, de souveraineté sous-tend l'auto-actualisation. Rogers nous parle d’une liberté intérieure : « La liberté que j’ai essayé de décrire est essentiellement quelque chose d’interne, quelque chose qui existe dans une personne vivante, assez loin de tout choix externe d’alternative » (Rogers & Stevens, 1967). Cette liberté acquise grâce aux prises de conscience se réclame de l‘acceptation de soi. Elle permet d’assumer ses propres pensées, ses désirs, ses choix et de vivre ses expériences immédiates dans leur intégralité. Le besoin de sécurité s’estompe pour laisser la place au courage d’affronter l’inconnu et l’incertitude. Elle représente un accomplissement et renforce le sentiment d’existence.
Références
Bergeret, J. Bécache, A. Boulanger, J-J. Chartier, J-P. Dubor, P. Houser, M. Lustin, J-J. (1998). Psychologie pathologique, théorie et clinique. Paris. Masson.
Kischenbaum, H. (2007). The Life and Work of Carl Rogers. Ross-on-Wye. PCCS Books.
Rogers, C. R. (1959). A Theory of Therapy, Personality, and Interpersonal Relationships, as developed in the Client Centered Framework. In S. Koch (Ed.). Psychology: The Study of a Science, vol. III, Formulation of the person and the social contex.. New York. Mc Graw-Hill.
Rogers. C. R. (1979). Un manifeste personnaliste. Paris. Dunod.
Rogers, C. R. (2011). La tendance actualisante par rapport aux « motifs » et à la conscience. ACP Pratique et recherche, n° 13, pp. 65-89.
Rogers, C. R. & Kinget, M. (1973). Psychothérapie et relations humaines, vol. 1. Publications Universitaires Louvain & Beatrice-Nauwelaerts. Paris.
Rogers, C. R., Stevens, B., Gendlin, E. T., Shlien, J. M. & Van Dusen, W. (1967). Person to Person : The Problem of Being Human. UK. A Condor Book Souvenir Press Ltd.
Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-38222818552199710282012-12-23T04:37:00.003-08:002012-12-23T04:37:38.326-08:00
L'APPROCHE CENTREE SUR LA PERSONNE
« Carl Rogers - Etre vraiment soi-même ».
De Geneviève Odier
Éditions Eyrolles, Paris 2012
Cet ouvrage, écrit en français, a pour but de présenter l'approche centrée sur la personne ainsi que de rendre hommage à la pensée de Rogers, à son originalité et à sa dimension novatrice.
L'approche, qui ne se veut pas une théorie seulement, ni ne se résume à une technique thérapeutique, se définit avant tout comme "une manière d'être qui favorise la croissance".
Dans ce sens, le livre s'adresse aux thérapeutes, sans doute, mais aussi à toutes les personnes intéressées par la pensée humaniste.
De manière subtile, l'auteure montre comment les idées de Rogers s'inscrivent dans les différents courants philosophiques: la phénoménologie, l'existentialisme, les théories organismiques.
Au fil des chapitres sont évoqués la vie de Rogers et le développement de ses idées, ses concepts théoriques et sa méthode thérapeutique, avec la description des attitudes de base du thérapeute ainsi que du processus thérapeutique.
Le livre est d'ailleurs riche en références et présente tous les aspects de la méthode thérapeutique. Les attitudes thérapeutiques sont illustrés par des extraits d'interactions. Notons qu'au chapitre "Projection" est abordée la problématique de transfert et contre-transfert dans la thérapie centrée sur la personne.
L'intention de Geneviève Odier est de donner à saisir toute la richesse et la complexité de l'approche centrée, dont l'un des aspects significatifs est la "notion du mouvement", qui exclut tout dogmatisme, mais qui reflète aussi la spécificité de la nature humaine. C'est non sans esprit de poésie qu'elle écrit:
"Le mouvement désigne ici la mobilité ininterrompue des événements, des émotions, des relations, de l'environnement et du temps. Rien n'est fixe, tout bouge, tout se modifie. Face à cette évolution constante, nous devons nous réajuster sans cesse. Tout change constamment. Tout est en mouvement. Le mouvement, c'est la vie qui s'exprime à tous les niveaux. Du mouvement cellulaire au mouvement cosmique, du mouvement global de l'être à celui de toutes les matières, à tout ce qui constitue notre univers. A l'intérieur de l'être humain, tout fluctue aussi."
Une des qualités particulières du livre réside précisément dans l'écriture de Geneviève Odier. Elle s'inscrit en effet dans la tradition de l'écriture rogerienne, où le souci d'objectivité coïncide avec la nécessité d'être fidèle à sa propre expérience intérieure.
Article de Beata Dana
Pour pca.acp Société Suisse pour l'approche centrée sur la personne
Formation. Psychothérapie. Relation d'aide.
Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-22465017088206810172012-12-23T04:35:00.001-08:002012-12-23T04:35:18.054-08:00LE CERCLE PSY - 05/12/2012
QU’EST-CE QUE L’APPROCHE CENTREE SUR LA PERSONNE ?
Par Héloise Junier
Longtemps ignorée dans nos contrées, l’Approche Centrée sur la Personne du psychologue américain Carl Rogers jouit d’une popularité nouvelle. De plus en plus de thérapeutes et de soignants, pris dans une dynamique humaniste, s’éloignent des théories psychothérapeutiques traditionnelles pour se plonger dans le moment présent et les émotions qui s’en dégagent. Quels sont les fondements de cette approche ? Quelles attitudes rogériennes adopte le thérapeute ? Qui aujourd’hui s’y intéresse et s’y forme ?
Comprendre le parcours de Carl Rogers permet de mieux appréhender la spécificité de son approche de l’être humain. Son enfance, marquée par un cadre éducatif et religieux inflexible, se ponctue de règles strictes communément respectées. Parallèlement, son environnement familial le sensibilise à l’expérimentation et à la recherche scientifique. Plus tard, lorsque Carl Rogers commence à s’intéresser à la psychologie et à mener ses propres entretiens, il se trouve partagé entre deux courants principaux : le comportementalisme et la psychanalyse. Mais aucun d’entre eux ne lui convient.
« Ce que Rogers réfute, à l’époque, c’est le pouvoir que les thérapeutes exercent sur leur patient. Il y voit une manière d’imposer une vision des choses en s’attachant principalement à des croyances personnelles », précise Geneviève Odier, psychothérapeute certifiée en Approche Centrée sur la Personne (ACP) et auteur de Carl Rogers, Être vraiment soi-même . Après avoir pleinement expérimenté ces deux approches, il crée son propre modèle psychothérapeutique à partir de ses observations et d’expérimentations pragmatiques. Dans le rejet d’une conception dualiste corps/esprit ou tête/cœur, il aborde l’être humain dans sa globalité, promouvant une « totalité organismique ». L’objectif ? Que la personne ait la précieuse sensation d’être entière, appréhendée dans son ensemble. L’Approche Centrée sur la Personne naît. Et le « patient » devient « client ».
Ni interprétation, ni diagnostic
En effet, l’une des spécificités de l’approche rogérienne est de ne pas considérer la personne comme un malade, mais davantage comme quelqu’un qui cherche à comprendre son trouble. L’intérêt étant de vivre une relation horizontale, à savoir non hiérarchisée, entre un thérapeute et une personne, d’égal à égal. Refusant sa casquette d’expert, le thérapeute rogérien n’émet ni interprétation, ni diagnostic. En tenant compte de sa subjectivité, il se plonge dans le moment présent, dans la relation à l’autre, se focalisant sur la personne et sa réalité, l’accompagnant afin qu’elle contacte ses propres ressources, prenne le pouvoir sur elle-même et devienne autonome. « Rogers sollicite chez son client une conscientisation de sa vraie personnalité pour laisser émerger ce qui le définit en tant qu’individu unique », souligne Geneviève Odier. Cette volonté d’autonomie de l’autre va à l’encontre de la cure psychanalytique, vouant parfois le patient à une certaine dépendance à son analyste. L’approche rogérienne se caractérise également par sa non directivité, laissant le client investir cet espace comme il le souhaite, sans rien lui imposer. « Mais attention, cela ne signifie pas pour autant que nous sommes permissifs et que l’on accepte tout ! Il ne s’agit pas d’être laxiste mais plutôt d’établir un cadre respecté par chacune des deux personnes en relation. Ce qui nous permet d’être dans l’accueil et non dans la répression », précise Geneviève Odier.
Les trois attitudes clés du thérapeute
Trois attitudes majeures adoptées par le thérapeute rogérien, et intimement liées les unes aux autres, caractérisent l’Approche Centrée sur la personne. Non appliquées comme des techniques mais vécues en profondeur, elles deviennent, après la formation, une manière d’être, un état d’esprit pour le thérapeute. « Parce que nous vivons et éprouvons ces attitudes, nous pouvons les restituer et permettre ainsi au client de les expérimenter », témoigne Geneviève Odier. Ces trois attitudes sont donc :
*La congruence, attitude primordiale, joue un rôle essentiel dans la thérapeutique. Celle-ci se définit par un état d’accord et d’équilibre entre ce que l’on fait, ce que l’on dit et ce que l’on ressent. C’est la capacité à être vrai, réel et authentique dans la relation à la personne. « Etre congruent c’est faire preuve d’humilité, se montrer avec ses failles et ses qualités, et donner au client une image complète de soi », selon Geneviève Odier. Bien souvent, un client consulte un thérapeute car il souffre justement d’un état d’inéquation, d’incongruence. Or, le thérapeute étant congruent, cela encouragera naturellement le client à l’être, ou à apprendre à l’être.
Thérapeute : Vous dites que vous souffrez et vous riez, je ne me sens pas très à l’aise avec ces deux sentiments présents en même temps.
Client : Je ne sais pas pourquoi je ris… je… c’est pas confortable pour moi non plus… Il y a quelque chose de drôle, mais je ne sais pas quoi…
Thérapeute : D’une certaine manière, quelque chose de drôle serait associé à cette souffrance, c’est ça ?
Client (très ému) : Je n’ai plus envie de rire… au contraire…
Silence.
Thérapeute : Vous semblez absorbé dans vos pensées, plutôt sérieux maintenant…
Client : Ouais… Mon oncle me disait : « Mais non t’as pas mal ! Allez viens on va rigoler entre hommes ! »
*Le regard positif inconditionnel, deuxième attitude rogérienne, consiste à accueillir et accepter le client, sans attente ni jugement. Cet accueil respectueux de l’autre, dans toute son unicité, doit permettre au client, à son tour, de mieux s’accepter. Une confiance réciproque s’instaure entre les deux protagonistes. « Je ne vais pas, par exemple, juger un client qui m’annonce qu’il battait son enfant. Je vais me contenter d’accueillir ses propos avec authenticité. L’important étant de rester au plus près de son vécu, de son ressenti, et de la compréhension qu’il en a » raconte Geneviève Odier.
*La compréhension empathique, troisième attitude majeure, se définit par une sensibilité profonde aux sentiments et au monde du client, sans aucun frein intellectuel ni émotionnel. Le thérapeute cherche à le comprendre véritablement, tout en conservant une conscience émotionnelle afin d’éviter toute confusion entre le client et lui-même. Pour « vérifier » (terme choisi par Rogers lui-même) que sa compréhension de son client n’est pas tronquée, il recourt à la reformulation du contenu.
Client : J’en ai marre, je ne supporte plus rien, je suis fatigué, la secrétaire ne comprend rien (…) j’ai décidé de ne plus voir mes enfants le week-end, à chaque fois qu’ils viennent les pauvres, je dors ou je rattrape le travail (…)
Thérapeute : Si j’ai bien compris, vous ressentez une très grande lassitude liée à votre surcharge de travail, et aux préoccupations liées à celui-ci, au point que vous n’avez plus le temps ni la force de consacrer les loisirs que vous souhaiteriez partager avec vos enfants.
Client : Oui, c’est exactement cela, je suis surmené par mon travail, il faut que je trouve des solutions pour garder du temps pour faire des choses avec mes enfants, si ça c’est réglé, je vais pousser un grand ouf .
Une dynamique d’acceptation
Sandra Pedevilla, psychothérapeute, superviseuse, formatrice dans l’Approche Centrée sur la Personne et ancienne présidente de l’AFP-ACP (Association Française de Psychothérapie dans l’Approche Centrée sur la Personne), analyse : « Dans une conversation ordinaire, je peux me laisser aller à donner des conseils, faire des suggestions, être dans la séduction et le jugement. Au cours d’un entretien ACP, je tente, de tout mon être, de rejoindre mon client de manière disciplinée en lui offrant une relation profonde. J’essaie de lui offrir une empathie chaleureuse à un niveau inhabituel de profondeur, je vérifie en moi l’absence de conditions de valeur, tandis que je m’efforce de maintenir un état de congruence, c’est-à-dire une conscience fine de ce qui m’habite. Ces attitudes, inhabituelles, sollicitent un fort investissement personnel ». Rejoint par le thérapeute, le client tend alors progressivement à baisser ses défenses et à percevoir et accueillir des éléments de sa personnalité qui pouvaient lui paraître menaçants. Le regard qu’il porte sur lui-même et sur les autres devient moins conditionnel. Progressivement, il doit faire lui-même l’expérience de la congruence et passer d’une rigidité à une fluidité intérieure, de telle manière que de nouveaux éléments émergent plus librement à la conscience. Il apprend naturellement à repérer et exprimer ses émotions et ses besoins. « L’incongruence est souvent à l’origine d’angoisses chez la personne. Plus elle devient congruente, plus elle aura envie de s’écouter, de s’accepter et d’être empathique non seulement vis-à-vis d’elle-même, mais aussi vis-à-vis d’autrui » complète Sandra Pedevilla. Une relation d’aide ACP convient aux personnes souffrant de problématiques relatives à leur vie conjugale, familiale ou professionnelle, et particulièrement aux personnes ayant souffert de traumatismes pendant d’enfance. En revanche, celle-ci se centrant principalement sur la personne et non sur le symptôme, elle sera moins efficace sur le traitement des phobies par exemple.
Qui se forme à l’ACP ?
Geneviève Odier évoque un engouement grandissant pour l’approche rogérienne, de la part de psychologues, médecins, assistants sociaux, infirmiers, formateurs pour adultes, enseignants, enquêteurs, médiateurs, etc. : « Cela témoigne d’un retour aux sources, d’une volonté de retrouver une relation à l’autre plus saine, plus simple, plus naturelle » Divers organismes, français et internationaux, forment, en trois à cinq ans, à l’Approche Centrée sur la Personne. Le Network ACP Européen a établi, en novembre 2001, trois critères majeurs de formation : une expérimentation du développement personnel, une analyse des œuvres théoriques de Carl Rogers et d’autres théoriciens centrés sur la personne et l’expérience, et une application concrète de ces aspects, sous supervision. L’Association Française de Psychothérapie dans l’Approche Centrée sur la Personne centralise sur son site internet l’ensemble des organismes validés.
Mais l’approche humaniste de Carl Rogers n’échappe pas à la guerre des chapelles de la psychologie et fait encore aujourd’hui l’objet de critiques des théoriciens d’autres courants, notamment psychanalytiques. Certains, pour qui l’alliance de la thérapeutique et du financier créée un malaise, lui reprochent l’appellation de « client ». D’autres lui reprochent une trop grande permissivité, résultant d’une lecture, parfois partielle, de la non directivité qui la caractérise. D’autres théoriciens encore reprochent aux thérapeutes ACP de s’octroyer la liberté de parler d’eux-mêmes au client, car cela déroge à la règle du thérapeute muet et mystérieux tel une page blanche sur laquelle le patient projette ce qu’il veut et qui il veut.
Carl Rogers, « thérapeute le plus influent » ?
Fort de son succès, Carl Rogers fut reconnu comme le thérapeute le plus influent par l’American Psychological Association (APA), qui lui délivra la plus haute distinction pour ses recherches. Certains de ses ouvrages, devenus best-sellers, furent traduits en douze langues, et diffusés dans plus de quarante pays. C’est notamment le cas du Développement de la Personne (Dunod, réédité en 2005) vendu à plus de trois millions d’exemplaires, et toujours réimprimé. En 1987, l’année même de sa mort, la singularité de son action lui vaut d’être nominé pour le Prix Nobel de la Paix.
L’ACP en chiffres
L’ACP est présente à travers le monde, et plus particulièrement en Allemagne, en Grande-Bretagne, et en Hollande. Il existe 38 associations membres de l’association mondiale ACP, (WAPCEPC), dont quatre en Allemagne, trois en Belgique, en Australie et en Grande-Bretagne, deux en France, en Grèce, en Italie, au Portugal et en Russie, et une en Argentine, Australie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie et Ukraine. Le Network pour l’ACP en Europe (PCE Europe) déclare plus de 7 000 thérapeutes membres. Près de 60 % des membres de la British Association for Counselling and Psychotherapy se déclarent Centrés sur la Personne. En France, pays dans lequel l’approche est arrivée plus tardivement, il y aurait autour de 250 thérapeutes ACP. L’AFP-ACP (Association Française de Psychothérapie dans l’Approche Centrée sur la Personne) regroupe six organismes de formation. « Il est particulièrement difficile d’estimer précisément le nombre de psychothérapeutes ACP dans le monde, car tous ne sont pas membres d’associations nationales ACP. Par ailleurs, certains psychothérapeutes se disent « centrés sur la personne » alors qu’ils n’y ont jamais été réellement formés, tandis que d’autres sont formés à l’ACP mais exercent d’autres métiers dans les secteurs social et médical » analyse Sandra Pedevilla.
Pour aller plus loin…
Geneviève Odier (Eyrolles, 2012). Carl Rogers. Être vraiment soi-même.
Antoine Bioy et Anne Maquet (Dunod, 2003). Se former à la relation d’aide. Concepts, méthodes, applications.
Carl Ransom Rogers (Dunod, paru en 1968 et réédité en 2005). Traduit de l’anglais par E. L. Herbert. Le développement de la personne.
Association Française pour la Psychothérapie dans l’Approche Centrée sur la Personnehttp://www.afpacp.fr/
Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-66843262863192670992012-10-15T00:52:00.000-07:002012-10-15T00:52:38.444-07:00<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ0w3fLxoTSzwThQgijDIOB8rU6-Qu93cQstFOyOdwI_03IlBRPOIfISlbAnM2NZWmrj1jf9_MDhfJoSe1wuuiew1cXycmE1VTp2KeSOA8WClqx6IEjbpqGDhvqlMlPJBUT9V6P61zLg9U/s1600/Cliche%25CC%2581+2012-10-15+09-48-56.tiff" imageanchor="1" style="clear:left; float:left;margin-right:1em; margin-bottom:1em"><img border="0" height="320" width="287" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ0w3fLxoTSzwThQgijDIOB8rU6-Qu93cQstFOyOdwI_03IlBRPOIfISlbAnM2NZWmrj1jf9_MDhfJoSe1wuuiew1cXycmE1VTp2KeSOA8WClqx6IEjbpqGDhvqlMlPJBUT9V6P61zLg9U/s320/Cliche%25CC%2581+2012-10-15+09-48-56.tiff" /></a></div>
Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-90301375822359748632012-07-13T09:48:00.001-07:002012-07-13T09:48:01.928-07:00<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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Vous consultez </b>Carl Rogers : être vraiment soi-même
Approche centrée sur la personne[1][1] 216 pages – 25,00 € En librairie le 1er Mars...
suite
Auteur <b>Geneviève Odier</b> [2][2] Geneviève Odier est psychothérapeute certifiée à l’Approche...
suite du même auteur
Carl Rogers est un psychologue humaniste qui a vraiment marqué l’histoire de la psychologie. Ces dernières décennies ont vu fleurir des centaines de méthodes thérapeutiques. L’objectif de cet ouvrage est d’en décrire une seule : l’Approche Centrée sur la Personne, créée et élaborée par Carl Rogers, afin de la rendre accessible à tous et lui restituer ses lettres de noblesse. En effet, comme le fait remarquer Alberto S. Segrera[3][3] Alberto S. Segrera est Professeur émérite au Mexique à...
suite dans sa préface « il est surprenant de constater la méconnaissance du travail de Rogers, principalement dans les pays francophones, malgré les ouvrages et les nombreux articles déjà publiés.»
2 Cette approche centrée sur la personne, qui vise à nous connaitre mieux, part du présupposé que si une personne comprend comment elle fonctionne et qui elle est vraiment, elle s’épanouira et saura s’adapter à son environnement. Ses interactions avec les autres seront plus conscientes, libres et spontanées. Cette thérapie nous invite à avoir le courage de regarder profondément en nous et de nous accepter dans notre globalité.
3 Si « l’empathie », « l’écoute » ou « la présence » existent depuis longtemps, Carl Rogers (1902-1987), leur a donné un sens très particulier et a démontré la puissance de leur application. En fait, ce psychologue humaniste met l’accent sur les ressources internes du « client » et la relation avec le thérapeute plutôt que sur le symptôme. Dans cette perspective, la qualité du thérapeute est cruciale pour aider le patient à développer sa personnalité, à dégager ses propres valeurs, à trouver ses vrais repères,… et finalement à être vraiment lui-même.
...
4
Extraits du sommaire :
-------------------------
Chapitre 1 : Quelques éléments biographiques
Chapitre 2 : L’émergence de l’Approche…
Chapitre 3 : Les convictions de Rogers
Chapitre 4 : La méthode
Chapitre 5 : Les qualités du thérapeute
Chapitre 6 : Finalités et processus…
Chapitre 7 : La pratique
Chapitre 8 : L’héritage de Carl Rogers
5 http://www.editions-eyrolles.com /Livre /9782212552911 /carl-rogers-etre-vraiment-soi-meme
Notes
[1] 216 pages – 25,00 € En librairie le 1er Mars 2012 Retour
[2] Geneviève Odier est psychothérapeute certifiée à l’Approche Centrée sur la Personne de Carl Rogers. Diplômée en psychopathologie, elle est également formatrice ACP et membre du comité de lecture et de rédaction de la revue francophone Approche Centrée sur la Personne, Pratique et Recherche. Retour
[3] Alberto S. Segrera est Professeur émérite au Mexique à l’Universidad Iberoamericana.RetourGeneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-42008194361959337582012-05-05T10:29:00.002-07:002012-05-05T10:29:31.543-07:00LETTRE DE ANDRÉ DE PERETTIJ’ai reçu votre bel et profond ouvrage sur notre ami Carl Rogers avec un vif intérêt.
Tout ce que j’en lis me satisfait beaucoup. Et je partage les sentiments, sur son opportunité pour notre nouveau siècle, qu’exprime justement, dans sa préface, Alberto Segrera. Je vous félicite. Je puis vous souhaiter une fertile continuation en interventions, en publications, en formations de « facilitateurs ».
Joyeux courage à être si bien « vous-même » vraiment !
André de PERETTIGeneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-74654992010972117302012-05-05T10:27:00.002-07:002012-05-05T10:27:52.557-07:00PSYCHOLOGIE MAGAZINE, MAI 2012Carl Rogers, être vraiment soi-même
G. Odier
Considéré comme le fondateur de la relation d'aide, Carl Rogers
(1902-1987) a créé les premiers centres de conseil et soutien
psychologique, à Chicago, aux États-Unis, en 1942, et est également
le premier psychologue a avoir entrepris des recherches sur le
processus thérapeutique. ll a développé le concept d'« écoute non directive »,
qui a largement fait école par la suite, ainsi que ceux d'« empathie»
ou de « présence », que l'on retrouve dans tous les courants de la psychologie
humaniste. ll a surtout fait connaître sa méthode, au début des années 1950,
sous le nom d'approche centrée sur la personne (ACP), une pratique
fondée sur l'accès à nos propres ressources intérieures et sur notre
capacité à nous réaliser.
Voici une biographie claire et complète, pour découvrir ou redécouvrir
la vie et l'oeuvre de l'un des pères de la psychothérapie
Eyrolles, 204 p., 25 €.
Psychologies Magazine, mai 2012Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-86131168911845449222012-03-07T03:23:00.000-08:002012-03-07T03:24:26.672-08:00<a href="http://www.amazon.fr/Carl-Rogers-soi-m%C3%AAme-LApproche-Personne/dp/2212552912/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1331117229&sr=1-1"></a>Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-71581928727529773882012-03-07T02:03:00.002-08:002012-03-07T02:07:37.546-08:00<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTw-2GoC6EnNHhjYSfi9CcEf7yc6zckJ3TYjjvqcRQ_hCoVrXAkfdhRXM4LuabFwk_rZmKw0FI6PxqbO1Sl3ZQCmIInizziKhOOl5smdGgY_eTDyVfYZeYZtlyconxJx4Tl2THMFYdV1Vy/s1600/P1040004.JPG"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 300px; height: 400px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTw-2GoC6EnNHhjYSfi9CcEf7yc6zckJ3TYjjvqcRQ_hCoVrXAkfdhRXM4LuabFwk_rZmKw0FI6PxqbO1Sl3ZQCmIInizziKhOOl5smdGgY_eTDyVfYZeYZtlyconxJx4Tl2THMFYdV1Vy/s400/P1040004.JPG" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5717094132870649890" /></a>Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-12736803077564922482012-03-07T01:33:00.002-08:002012-03-07T01:34:32.032-08:004ÈME DE COUVERTURE<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqXqdR48WCxDzSCL9o0yfB3Ln44rlBd66XZpjiRk-xhRN3HrIGsfLO6Q9Y8kz2fqmieDKI1faajVqKXnOQcAPmc8MbyJz0lU6fHS5iKJ2ldfZd3HMiWKdygQxGm6TynK7FTQP25y7NXTeW/s1600/P1040008.JPG"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 300px; height: 400px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqXqdR48WCxDzSCL9o0yfB3Ln44rlBd66XZpjiRk-xhRN3HrIGsfLO6Q9Y8kz2fqmieDKI1faajVqKXnOQcAPmc8MbyJz0lU6fHS5iKJ2ldfZd3HMiWKdygQxGm6TynK7FTQP25y7NXTeW/s400/P1040008.JPG" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5717086217886675922" /></a>Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-56026508240877816692012-03-07T01:15:00.002-08:002012-03-07T01:17:36.640-08:00EN LIBRAIRIE<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPKo45ISECZhgBJ9_5AeJqIRZRY9uvUYydXq3K80oAGl9JXWdJl_wEKKdxC5pNmvuWZgVzNJmzqRvS08x4ckN2x42x4okbYmrP8mUYCQ1sbcMtzMiZ0wXXVLVDSC_DgZPQ4oj4Y6jSX0VD/s1600/P1040003.JPG"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 300px; height: 400px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjPKo45ISECZhgBJ9_5AeJqIRZRY9uvUYydXq3K80oAGl9JXWdJl_wEKKdxC5pNmvuWZgVzNJmzqRvS08x4ckN2x42x4okbYmrP8mUYCQ1sbcMtzMiZ0wXXVLVDSC_DgZPQ4oj4Y6jSX0VD/s400/P1040003.JPG" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5717081661979631138" /></a>Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-7028047408183212772010-07-14T03:16:00.000-07:002010-07-14T03:18:46.932-07:00<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrhTfZqCbZPLdoezWYwo80HRYpH5FnC0vlwwGuY8rrE9GnbDAnCpqxddnPW5s-2FnUYhu2hhz_a9lRMsifExDSg-YZJPbLBI6OP_01VLEXUXjdca5a7fWIayMZDq00Vz7SOBBp5wOzOBLj/s1600/IMG_1541.JPG"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 300px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrhTfZqCbZPLdoezWYwo80HRYpH5FnC0vlwwGuY8rrE9GnbDAnCpqxddnPW5s-2FnUYhu2hhz_a9lRMsifExDSg-YZJPbLBI6OP_01VLEXUXjdca5a7fWIayMZDq00Vz7SOBBp5wOzOBLj/s400/IMG_1541.JPG" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5493704345138316242" /></a>Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-87485154832325962262010-07-14T02:34:00.001-07:002010-07-14T02:34:32.762-07:00Carl Ransom ROGERSCarl Ransom Rogers, un des psychologues américains les plus renommés de sa génération, a fondé l’Approche Centrée sur la Personne. Il a posé les bases de cette approche humaniste en s’appuyant sur ses expériences personnelles et professionnelles, et l’a développée jusqu’à sa mort. Il avait à cœur d’élaborer ses découvertes à partir de sa clinique dans une dynamique empirique et phénoménologique. Avec lui on se situe d’emblée dans l’être, dans le présent, dans la perception fine de ce qui surgit au moment même où cela est vécu. <br /><br />Avec l’approche centrée sur la personne, la relation humaine prend une autre dimension, elle se place sur une égalité et une réciprocité fondamentales. Elle donne un large espace à l’intersubjectivité en laissant se juxtaposer plusieurs champs de valeurs, d’authenticité et de qualités individuelles dans une acceptation bilatérale. Deux individus se confrontent, dans une même unité de temps et d’espace. Il y a partage de sensations, de réflexions, de sentiments, de compréhension. Ce face à face induit la responsabilité de chacun et restitue ainsi au client son autorité en écho à celui du thérapeute. Il ne s’agit pas d’une prise de pouvoir abusive de l’un sur l’autre mais d’une puissance personnelle retrouvée, qui inspire un respect mutuel. <br /><br />Dans l’approche centrée sur la personne, on inclut dans la notion de personne l’intérieur et l’extérieur, l’être et l’apparence, unis dans une seule expression, non divisée, celle de son essence sans déterminations particulières et acceptée dans sa globalité, parfaite. Dans cette optique, l’union de ces deux aspects implique de reprendre contact avec son soi réel en abandonnant les masques. La personne va plonger au niveau le plus archaïque de son être, toucher son noyau fondamental, et retrouver son unité originelle. Cela n’est pas sans rappeler cette phrase du philosophe humaniste Baruch Spinoza : « Nous savons que chaque être, pris en lui-même sans aucun rapport au reste des choses, renferme une perfection qui n’a pour bornes dans chaque être que sa propre essence, et que l’essence même d’un être n’est pas autre chose ». L’Herne (2009). <br /><br />Au-delà de la psychologie, les propositions de Rogers débouchent sur une prise de conscience qui dépasse l’individu et ouvre sur une dimension plus spirituelle. Carl Rogers nous invite à mieux nous connaître, et part du présupposé que si une personne comprend comment elle fonctionne et qui elle est vraiment, elle s’épanouira, saura s’adapter à son environnement, ainsi ses interactions avec les autres seront plus harmonieuses, libres et spontanées. Le postulat de base repose sur l’idée que l’organisme humain est fondamentalement régi par une pulsion interne, source de sa motivation à l’épanouissement que Rogers nomme la tendance actualisante. Il est convaincu que le client possède en lui les ressources nécessaires pour comprendre et résoudre lui-même ses difficultés. Pour retenir l’essentiel de son expérience, l’individu a besoin de lui donner une signification. Pour cela il est nécessaire de vivre sa propre expérience de manière complète et authentique, d’affronter les contradictions. S’il y a une vérité, elle se situe lorsque les extrêmes se rejoignent.Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-69132342344823911302010-07-13T09:45:00.000-07:002010-07-13T09:52:30.324-07:00Regard<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYcMP0dgEScS61-KvQjQDjc1h5ewpmPPitXz9CfZTAxaJ70R7dtZmB1w80m9sgeWWPAQxxsxN4LG3C45U-PQqVCFk8uMZkZVYI69jfE0hmO-Ajhqs4lGFcXQTNELrA5oyRb_cbZPUODMwD/s1600/IMG_0235.JPG"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 300px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgYcMP0dgEScS61-KvQjQDjc1h5ewpmPPitXz9CfZTAxaJ70R7dtZmB1w80m9sgeWWPAQxxsxN4LG3C45U-PQqVCFk8uMZkZVYI69jfE0hmO-Ajhqs4lGFcXQTNELrA5oyRb_cbZPUODMwD/s400/IMG_0235.JPG" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5493434644158986578" /></a>Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-73664619440715270262010-07-13T09:42:00.000-07:002010-07-14T02:46:19.516-07:00Article publié dans Mouvance (2003)Analogies et différences de deux approches de la liberté:<br />l’Approche Centrée sur la Personne et le Tantrisme Shivaïte Cachemirien.<br /><br />Une première définition de ces deux courants nous montre à priori une différence capitale entre philosophie empirique et phénoménologie spirituelle. L’une est une thérapie basée sur une relation qui se vit dans un climat de facilitation à l’émergence de tout problème psychologique et dans l’absence de notion spirituelle. L’autre est l’enseignement d’une tradition spirituelle millénaire dans laquelle la part psychologique est peu explicitée, voire pas prise en compte du tout.<br /><br />L’Approche Centrée sur la Personne vise « la recherche ou plus exactement l’émergence de son être intime ».<br />« Cette approche est davantage une philosophie qu’une simple technique ou méthode. Elle est dans son essence, une manière d’être qui s’exprime à travers des attitudes et des comportements créateurs d’un climat propice à l’épanouissement. Le « but » est d’aider le client à faire l’expérience immédiate de soi. » 1<br />L’ACP est le fruit de l’expérience d’un chercheur insatiable et scrupuleux, un scientifique soucieux de valider ses recherches. Carl Rogers a foi en certaines avancées de la science, en tant que scientifique il cherche à faire un pont entre nature et science dans un besoin de confirmer l’évolution naturelle de l’individu.<br /> <br />Le Tantrisme Shivaïte Cachemirien (la lignée Pratyabhijna -reconnaissance spontanée du soi- et Spanda -frémissement, vibration intérieure-) est « l’enseignement d’une voie millénaire du retour à soi. C’est la voie tantrique la plus dépouillée, elle se réfère à notre essence originelle divine et absolue ».<br />« La pratique tantrique est envisagée comme un jeu infini qui révèle l’architecture intime de l’être et son étendue spatiale, dont le « but » est de devenir l’expression de la totalité ».<br />Le tantrisme cachemirien se réfère à une lignée ancestrale, dont la pensée pourrait se résumer ainsi : « Nous sommes ce que nous cherchons ». 2<br /><br />Si la personne est en devenir, émergence de l’être, chez Rogers, c’est le retour de l’être à son essence divine et spatiale qui donne un sens à la quête tantrique. <br />D’un côté l’être humain ici et maintenant, concrètement, sans notion de spatialité, de l’autre, plus abstrait, l’être divin et spatial, toujours et partout, dans la totalité. <br />Ici apparaît ce qui pourrait être la principale différence des deux approches, « aller vers » et « retourner à ». Deux mouvements qui paraissent éloignés et opposés mais au fond se rejoignent car du point de vue de la logique tantrique, perçue comme sphérique, c’est la même chose puisque tout est envisagé dans une dimension holistique sans dualité, s’éloigner c’est aussi se rapprocher, c’est relier les opposés qui participent au même mouvement de la totalité.<br /><br />Cette notion de totalité n’est d’ailleurs pas étrangère à Rogers : « L’univers est toujours dans un processus d’élaboration et de création, autant que dans un processus de détérioration ; si aucune inhibition ne faisait obstacle à la totale expérience de ce qui est organismiquement présent en elle la personne pourrait se mouvoir vers une totalité, une intégration ». 1 <br />Ce qui nous rapproche beaucoup de la définition de « l’être » dans le tantrisme : « Lorsque nous nous reconnaissons enfin, nous reconnaissons que nous sommes le miroir du monde. Nous dissolvons la culpabilité ancestrale par cette réalisation et enfin, nous sommes prêts à pratiquer le yoga du retour de chaque sensation, de chaque pensée et de chaque émotion à la source de toute chose qui est espace, apaisement, joie. C’est cette acceptation, cette réintégration qu’on appelle : «être»2.<br /><br />On pourrait dire que bien que très distinctes ces deux approches ont une visée qui va dans la même direction, En cela leurs « méthodes » sont plus différentes dans la forme que dans le fond.<br /><br />Enseignement et expérience.<br /><br />Dans la tradition tantrique, il y a enseignement. Cela consiste à vous donner d’emblée tout ce qu’il y a à comprendre, c’est très simple, tellement simple qu’on n’y croit pas, mais combien complexe à réaliser. On explique comment se libérer du fonctionnement automatique qui nous enferme et quels sont les blocages, les erreurs qu’on a l’habitude de commettre et de répéter sans fin, les attachements qu’on a tant de mal à lâcher, les peurs qui nous paralysent, les difficultés d’acceptation de soi et d’autrui, la rigidité qui nous caractérise dans notre obstination à vouloir fixer les choses, les frustrations que cela entraîne, et donc, l’absence de présence, l’absence de conscience.<br />Tout le travail consiste à mettre en pratique cet enseignement et là commence la difficulté. La compréhension intellectuelle si utile soit-elle n’est qu’un premier pas infime dans la saddhana. (chemin spirituel) <br />C’est à l’aide du yoga, des diverses pratiques de méditation et des visualisations que l’élève se dirige pas à pas vers la compréhension pour atteindre la libération. C’est un chemin solitaire, fait de doutes et d’embûches, même si l’indispensable relation avec le maître est forte et personnelle, il n’y a rien pour se raccrocher, c’est une voie difficile et sans concession : « être toujours sur le fil du rasoir ». <br /><br />Au cours d’une thérapie rogérienne on n’explique rien, on n’enseigne rien au contraire. Tout est basé sur l’expérience, de ce qui se vit au cœur de la relation thérapeutique. Pour Rogers : « Une personne ne peut pas enseigner une autre, l’enseignement détruirait la découverte »1. Cette notion de découverte est très importante, car la prise de conscience de ses propres problématiques par soi-même est capitale. Elle permet une intégration plus immédiate, plus stable de la compréhension de soi, puisque issue de l’expérience personnelle.<br />Durant la psychothérapie, le thérapeute accompagne son client dans les méandres de sa souffrance, de ses doutes, de ses peurs, de la prise de conscience de ses attitudes, de sa joie, de son changement, de son évolution, il y a des étapes même si elles ne sont ni structurées, ni fixes. On pourrait dire une succession de mouvements qui comme des vagues nous rapprochent toujours plus près de la compréhension. <br />C’est au fil des séances grâce à l’écoute empathique du thérapeute que le client se dirige pas à pas vers la compréhension de lui-même. Et qu’est-ce que l’empathie sinon la présence, l’attention, l’ouverture et la disponibilité à percevoir les sensations, les émotions, les vibrations du client qui résonnent en soi pour lui être ensuite renvoyé comme un écho.<br />Rogers dit « Il existe une forme particulière et libératrice de relation d’aide, qui permet aux gens de trouver en eux sagesse et confiance, et de faire des choix de plus en plus sains et de plus en plus constructifs »1. <br /><br />La notion de choix n’existe pas chez les tantriques. De leur point de vue, les individus comme tous les autres éléments du cosmos évoluent sous les lois spatiales de la Conscience, là où le mental et la volonté n’interviennent pas. C’est-à-dire que lorsque les conditions sont réunies les évènements se déroulent naturellement en harmonie avec l’environnement et l’idée d’avoir choisi est purement illusoire. <br />Cependant Rogers n’est pas très éloigné de cette idée « La personne fonctionnant pleinement éprouve et utilise la liberté la plus absolue quand elle veut, et choisit spontanément, librement et volontairement ce qui par ailleurs est déterminé par les facteurs de la situation existentielle »1. <br />Pas d’enseignement donc chez Rogers mais un apprentissage. En nous écoutant nous-mêmes nous accédons à une « claire conscience » de nos sentiments dans toute leur complexité. La notion de présence à soi et à l’autre unit à l’intuition et à l’écoute, écoute des mots, mais aussi de l’être global est capital dans l’approche. « Le maximum que quelqu’un puisse faire pour transmettre à un autre est de créer certaines conditions qui rendent possible ce type d’apprentissage »1 Ainsi le client découvre ses comportements inadéquats au cours du processus thérapeutique.<br />Mais le maître crée aussi les conditions nécessaires à la compréhension et la libération de son disciple, rendant ainsi possible la transmission de l’essence de la tradition de la lignée à laquelle il appartient. <br /><br />À ce stage de comparaison, on arrive à la notion de transmission, totalement inconnue dans l’approche rogérienne, et il est clair que ce n’est pas le propos dans la thérapie. La transmission est un point crucial dans la tradition tantrique, elle assure la pérennité de la voie. L’importance est que le lien soit vivant, qu’il passe directement d’un être à l’autre, c’est-à-dire par le biais de celui qui a réalisé les enseignements dans son essence, et non seulement à travers la connaissance des textes.<br /><br /><br />Méditation et processus thérapeutique <br /><br />Le maître est celui qui guide. La relation entre maître et disciple « est une relation d’indépendance fondée sur la reconnaissance de l’identité absolue de tous les êtres, n’entraînant pas de soumission. Ils vont ensemble vers le dépouillement, vers une simplicité radicale et joyeuse ; deux êtres face à face dans une totale nudité»2. Le lien qui unit maître et élève dans la voie spirituelle est maintenu au fil des années, l’engagement est pour une durée indéterminée, un chemin que l’on suit toute sa vie.<br />Par la méditation et la pratique du yoga, on prend conscience de ses blocages, des émotions qui y sont liées, et de leurs interactions. Avec la présence et la conscience, les nœuds psychologiques se dissolvent et entraînent la libération.<br />Méditer, c’est être intégralement présent à ce qui arrive, c’est observer ce qui est, observation du fonctionnement de son être, de la manière dont il ressent, pense et agit, observation de sa confusion. Cela implique une présence simultanée aux niveaux : des perceptions sensorielles, de l’activité cognitive et enfin à la naissance du déploiement et de l’expression des émotions. Une acceptation de cette réalité est primordiale. « Avec la pratique de la présence, nous parvenons à une réelle intimité avec nos rythmes biologiques, nos émotions, notre pensée, tout nous ramène constamment à notre propre source. Avec le yoga, notre corps s’allège s’ancre dans la réalité, se fluidifie et entre dans la grande danse de l’univers où tout communique et ou tout exprime l’harmonie silencieuse de la totalité. Le comportement se modifie en profondeur, accède à la fluidité, à la spontanéité et se trouve en harmonie avec le Tout. Pour le pratiquant c’est un travail subtil et continu, sans aucune forme figée, laissant émerger sa liberté fondamentale, il revient à la source et n’attend rien de l’extérieur »2. <br /><br />Le thérapeute est celui qui accompagne, il avance avec la personne dans sa recherche d’elle-même. Marche à ses côtés. Une psychothérapie s’appuie sur une relation très étroite et très intime avec les clients, une relation d’une personne à une autre dans un climat de confiance et de respect. « J’essaie de voir si je comprends bien le monde intérieur de mon client, si la perception que j’en ai, correspond à son vécu du moment. Je préfère à : « réflexions des sentiments », « essai de compréhension » ou « vérifications d’impressions ». «Je cherche à comprendre le vécu de mon client, à pénétrer le sens, et le parfum, et le goût, et la saveur qu’il a pour mon client »1. <br /><br />Le processus thérapeutique ne relève pas du jugement moral. Le thérapeute encourage la libre expression des sentiments du client, sans entraver le flot d’hostilité et d’anxiété, le sentiment d’inquiétude ou de culpabilité, l’ambivalence ou l’indécision qui se manifestent. Il réagit aux ressentis sous-jacents sans expliciter des attitudes dont le client n’est pas conscient. Il identifie et élucide les sentiments négatifs et positifs. Ces sentiments sont acceptés comme faisant partie de la personnalité donnant à la personne la possibilité de se comprendre telle qu’elle est, l’amenant ainsi à une compréhension intuitive d’elle- et à mettre à jour de ses propres modes de fonctionnements. Cet « insight » constitue une dimension « clef » du processus thérapeutique qui donne un point d’appui pour accéder à des niveaux supérieurs d’intégration. Le rôle du thérapeute est d’identifier les peurs qui se cachent derrière la difficulté et le manque de courage à prendre des initiatives. Grâce à une meilleure compréhension dans ses relations aux autres, et du comportement à adopter qui va résoudre ses problèmes, le client s’enracine dans sa propre motivation à s’améliorer, à devenir plus mûr. La personne voit vraiment clair en elle-même, elle se comprend de mieux en mieux, à mesure elle a le courage d’aller au fond de ses actes. Le client prend confiance en lui. Il agit de manière plus positive et plus adaptée. La relation avec le thérapeute est plus étroite que jamais. Le client à même de maîtriser ses problèmes a de moins en moins besoin d’être aidé, c’est l’approche de la fin de la relation thérapeutique. On voit arriver l’expression de sentiments personnels. La relation est temporaire dans la thérapie, l’engagement n’est envisagé que pour la durée de la cure.<br /><br />Un même passage obligatoire. <br /><br />L’effondrement qui se produit au cours de la saddhana, fait partie du processus et marque un moment capital. Cela ressemble à un crash, toutes les structures s’effondrent, chute des systèmes, abandon des références, il n’y a plus de filtres, mais un contact direct avec la réalité. Dans le tantrisme, la notion de réalité est dépouillée de tout artifice, toute technique. Tout est vibrant, tout est réel. La réalité de la vie quotidienne, sans adhésion à aucune croyance, dogme, religiosité ou moralité, est le lieu d’immersion le plus propice à l’éveil de la conscience. Il n’y a de place pour aucun doute, aucun attachement « être » dans la nature absolue la réalité du monde. Il y a succession de moments présents, une coulée de réalité qui se fait naturellement.<br /><br />Le moment du mouvement en thérapie, « c’est le moment de rupture, où un schéma perd de sa rigidité, il s’agit de quelque chose qui ne se réfléchit pas mais surgit, dans l’instant, il s’agit d’une expérience sans limitation, sans inhibition, ni retenue. C’est l’expérience immédiate d’une intégration nouvelle, ancrée dans la réalité »1. Rogers est ouvert à une réalité mouvante et sans limites, subjective à la fois concrète et abstraite. Il est dans l’acceptation d’une dimension inconnue, pas de certitude mais une connaissance ponctuelle de notre univers. Une réalité présente dans le quotidien « Si on n’attend plus de la religion, de la philosophie, de la science, ni d’aucun système de croyances qu’ils nous octroient des « valeurs universelles », on peut, en revanche, trouver en nous-mêmes, la source organique d’une authentique morale»1.<br /><br />Une quête de la liberté<br /><br />Dans le tantrisme, l’importance du corps est centrale et la finalité est « la réintégration de notre corps, abandonné et réduit au silence, mutilé par une obscure inconscience de la totalité, donc prendre conscience de la totalité »2. Pour parvenir à cette conscience profonde, il est indispensable que notre corps soit accordé et c’est là qu’intervient toute la sensorialité. « Le corps devient alors le réceptacle de cette totalité, nous sommes en résonance avec le monde. Notre comportement de plus en plus libre, fluide, entre en harmonie avec l’environnement, se fond dans un rapport direct et authentique avec la vie, les masques tombent, tout revient à la tranquillité. En restituant le mouvement à nos pensées, nos émotions, nos sens, on se fond dans la fluidité du monde. L’ego se dissout dans l’étendue qu’englobe le corps/esprit. C’est la fin du jugement différenciateur, de l’agitation mentale et du concept de séparation. Il s’agit de comprendre la perception directe non filtrée, non censurée par le mental. <br />Une joie profonde se manifeste en toute occasion, un être humain qui fonction totalement. Plus besoin de chercher d’être approuvé, fixé par l’aval de l’autre »2.<br /><br />Rogers insiste aussi beaucoup sur l’expérience intérieure et la présence au corps.<br />« Il faut retrouver la sagesse de l’organisme, notre capacité à former des jugements personnels, sentir ce que nous sentons et pensons. Parce qu’il a externalisé la source de sa démarche évaluative, l’individu éprouve un profond sentiment d’insécurité qui le rend rigide et confus »1. Il y a un décalage énorme entre ce que nous pensons et ce que nous vivons réellement.<br />« Chacun de nous est double, fait de deux moitiés qui cherchent de toutes leurs forces à se rassembler dans un soma réunifié, où s’évanouira la distinction du corps et de l’esprit, de la tête et du cœur. « Avoir conscience dans la « sagesse du corps » pour nous mener au cœur du problème »1 .<br />L’objectif est de permettre à l’individu de se développer, gagner son autonomie et sa liberté, se situant à un niveau d’intégration personnelle et sociale. « C’est aller vers la tranquillité. Une joie profonde se manifeste en toute occasion, un être humain qui fonction totalement »1. <br />Dans sa définition de « la vie pleine » Rogers souligne l’importance de la fluidité, notion largement présente dans le tantrisme et dont la portée est déterminante. « La vie pleine est un processus non un état fixe. Une caractéristique de ce processus est qu’il implique une tendance croissante à vivre dans le moment présent d’une façon totale. C’est une direction non une destination, direction qui est choisie par l’organisme total. Pour exprimer la fluidité présente dans ce style de vie, je dirai qu’on se met à participer au processus de l’expérience organismique, et à l’observer plutôt que le contrôler »1 . <br />« Une telle manière de vivre dans l’instant signifie une absence de rigidité, d’organisation étroite, elle signifie un maximum d’adaptabilité, la découverte de la structure dans l’expérience, une organisation fluente, changeante du moi et de la personnalité. Si les individus ne trouvent pas leur place comme personnes globales, la vie leur semble déroutante parce qu’ils ne savent pas qu’on peut la vivre dans l’unité de la pensée et de la passion, du sentiment et de la curiosité intellectuelle »1.<br /><br />La notion de spiritualité longtemps absente dans l’approche centrée sur la personne, s’insinuera peu à peu chez Rogers qui dira à la fin de sa vie « Grâce à toutes mes expériences, j’accepte bien mieux l’idée d’une pérennité de l’esprit humain, je n’exclus plus que nous soyons constitués d’un principe spirituel perpétuel, qui survit au temps, pour s’incarner parfois dans le corps d’un être humain »1. <br />Nombre des retours de ses clients relatant leurs expériences à l’occasion d’un groupe, comme les expressions suivantes : avoir vécu l’unité spirituelle de la communauté, l’expérience d’une méditation, devenir un centre de conscience, amèneront Rogers à dire « j’ai sous-estimé l’importance de cette dimension mystique et spirituelle »1. <br />Beaucoup s’accordent aujourd’hui à reconnaître les nombreuses « traces » de spiritualité chez Rogers même si le mot n’est pas clairement employé.<br />Ce qu’on peut voir ici c’est à quel point les notions de ces deux approches se croisent, s’opposent, se rapprochent, s’entremêlent puis s’éloignent à nouveau. On pourrait dire qu’elles ont des trajectoires inverses. Dans le tantrisme, on part de centre, du noyau immaculé qu’on appelle la conscience ou le divin, pour aller vers la périphérie où l’on touche les dysfonctionnements, la conscience du centre peut en venir à bout. En thérapie, on part des dysfonctionnements en allant vers son centre, le soi. Une thérapie devrait pouvoir amener à la conscience. Dans les deux cas, on n’est pas sûr d’y parvenir. Alors pourquoi ne pas doubler ses chances ?<br />Si ces deux approches ne peuvent pas se substituer l’une à l’autre, elles peuvent parfaitement se compléter. Cela donnera peut-être quelques éléments de réponse à la question qui revient régulièrement au cœur des débats dans les groupes : quelle est la différence entre thérapie et voie spirituelle ?<br /><br />1 Carl Rogers<br />2 Daniel OdierGeneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-59228093906274549912010-07-13T07:31:00.001-07:002010-07-13T07:34:12.020-07:00Le Soi<a onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}" href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimG0inhL1_sdJj0UAuzfVZe_e91fX2ebbJ-W7BxWZ3m3ThiNeoMByGAotFsfEQIBUi2Y6wOAb3yN1h3jTBr8gKOz7HjIvyI7jEXaw7LF1J9tcBQ7hGb7OL2AVOWkKSQ82L9-UxWSGAdwlT/s1600/IMG_0260.JPG"><img style="float:left; margin:0 10px 10px 0;cursor:pointer; cursor:hand;width: 400px; height: 300px;" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEimG0inhL1_sdJj0UAuzfVZe_e91fX2ebbJ-W7BxWZ3m3ThiNeoMByGAotFsfEQIBUi2Y6wOAb3yN1h3jTBr8gKOz7HjIvyI7jEXaw7LF1J9tcBQ7hGb7OL2AVOWkKSQ82L9-UxWSGAdwlT/s400/IMG_0260.JPG" border="0" alt=""id="BLOGGER_PHOTO_ID_5493399054544774418" /></a>Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1645845849808906212.post-46036547063829094122010-07-13T06:47:00.000-07:002010-07-14T02:54:53.360-07:00Interview Nature HumaineGeneviève Odier est psychothérapeute et formatrice à l’« Approche Centrée sur la <br />Personne ». Ses intérêts et ses recherches la poussent à tenter de cerner comment on pourrait définir la « psychopathologie » dans sa discipline. <br />Elle vit aujourd’hui à Genève. <br /><br />Agir <br /><br />Agir c'est mettre en œuvre concrètement quelque chose pour modifier ou plutôt s’adapter à une situation. Dans l’action il y a l’idée de participer au mouvement. L'action peut être physique (un mouvement se fait) ou par la pensée (l'action est alors intérieure et vise à se modifier soi-même), mais dans l'un ou l'autre cas, il faut se laisser guider par les circonstances internes ou externes c’est ce qu’on appelle « prendre une décision » puis essayer de la mener à son terme. <br /><br />Mouvement <br /><br />Dans l'action, il y a un mouvement pour aller vers quelque chose. En réalité, le mouvement est incontournable car il est partout et en tout. Tout est en mouvement, parce que le mouvement, c'est la vie qui s’exprime à tous les niveaux, du mouvement cellulaire au mouvement cosmique, du mouvement global de l’être à celui de toutes les matières, à tout ce qui constitue notre univers. Et l'action s'inscrit justement dans la vie. Elle doit donc en épouser le mouvement. <br />C'est quoi ce mouvement ? C’est ce qu’on appelle l’impermanence. Chaque instant est <br />différent, les choses et les évènements changent constamment. Le mouvement, c'est cette mobilité ininterrompue des évènements, des émotions, des relations, du temps. Il y a des jours pleins de désir d‘autres remplis de désespoir, puis le lendemain notre humeur change, parfois même d'une minute à l'autre et les forces s’inversent. C'est cette succession de choses qui crée le mouvement, à l'extérieur comme à l'intérieur de soi et de l’environnement. <br /><br />L'action ne peut pas échapper à cette mobilité générale, naturelle et permanente. On ne peut pas exiger de l'action qu'elle se passe comme ceci ou cela. Elle semble suivre une direction mystérieuse et insaisissable. S'il est possible d'envisager des étapes à sa réalisation, l'adaptation aux situations est forcément permanente, et d’une certaine manière c’est cette adaptation qui constitue l’action. Agir, c'est donc aussi laisser le mouvement suivre son cours. <br /><br />Mouvement et insécurité <br /><br />Le mouvement est profondément insécurisant pour celui qui met sa sécurité à l'extérieur de lui, car la vie n'apporte aucune certitude, rien de prévisible, mais au contraire beaucoup d'inconnu. Cette insécurité n'est pas chose facile pour une société pétrie de peurs (de rater, de perdre, de manquer, etc). <br />Pour éviter ces peurs, nous essayons de contrôler pour que les choses soient moins <br />mouvantes, et plus conformes à ce qui nous rassure, à ce que l'on connaît et maîtrise. Le contrôle installe une fixité qui empêche le mouvement naturel de l'action. Ou bien elle nous fait agir avec tant de raideur que l'on risque d'être bloqué un jour ou l'autre, paralysé, comme le serait une rivière par un barrage, lorsque le barrage lâche, ça fait beaucoup de dégâts. Et pour nous lorsque tout ce que nous avons contenu avec tant de force cède, cela peut être très violent. Et paradoxalement, cela entraîne plus de peurs et au lieu de nous rasséréner nous laisse avec encore plus d’incertitudes. Car le flux de la vie s'échappe toujours pour suivre son cours. Pour donner une image, une personne s'épuise beaucoup moins en suivant le cours du fleuve qu'en luttant contre en voulant le remontant. <br /><br />Accepter le changement et le mouvement naturel de l'action exige de perdre le contrôle, mais beaucoup de gens ont trop peur de cela. Pour être en position de ne plus contrôler, il ne faut plus avoir peur et cela demande de bien se connaître et surtout de s’accepter (là je deviens un peu spécifique – déformation professionnelle). Il faut du temps pour désunir ce couple peur/contrôle. <br />Ce processus sclérosant se produit avec l'écologie, qui est source de nouvelles peurs (du future, du changement et du sentiment de perte que cela entraîne, de la souffrance, de l’insécurité, de la culpabilité, etc). La crise écologique nous oblige à revisiter notre système intérieur et notre relation au monde, et cela nous panique, nous conduit à une rigidité paralysante qui peut empêcher l'action adéquate. <br />Par ailleurs, la crise écologique est liée à ce refus du mouvement. La nature ne pense pas, elle est, nous nous sommes dans « le faire ». Elle est dans un mouvement que nous cherchons à contraindre, à dompter pour satisfaire nos besoins toujours plus exigeants et de moins en moins adaptés à l’environnement. Nous avons tenté d’inverser le mouvement, aujourd’hui il faut payer la facture. Mais la nature continue son chemin, parfois avec violence : la pierre dans le ruisseau ne fait que détourner le mouvement fluide de l'eau, sans l'arrêter. L'eau contrainte par l'homme sort de son lit et inonde ses abords. <br /><br />Un nécessaire temps d'adaptation<br /><br />Nous oublions trop souvent que nous avons besoin d'un temps d'adaptation entre le moment de la constatation de la nécessité d'un changement et le moment où l'on peut passer à la réalisation de l'action. L'acceptation du changement exige une maturation puisque cela remet en cause notre système personnel, familial, culturel, social, économique, politique, une réévaluation de toute notre façon de penser. Cela concerne le niveau individuel, et le niveau collectif. Car comment modifier d'un coup un système qui a pris longtemps pour se mettre en place ? Évidemment, moins une personne ou une société sera dans la résistance au changement, et plus cela lui sera facile de changer. <br />Sortir de l'individualisme pour reprendre notre part de responsabilité <br />Mais la prise de conscience et l'acceptation du changement ne signifient pas que l'on va agir nécessairement. Dans une société individualiste, où les gens agissent pour leur bénéfice immédiat et personnel, et où l'on a l'impression que l'on n'est responsable que de soi-même, mais pas des effets de nos actions sur les autres et sur le reste de l'univers, nous n'avons plus la véritable perception de notre responsabilité, et des conséquences globales de nos actes. <br />Il est nécessaire de reprendre sa part de responsabilité, même si elle est infime. Et retrouver cette compréhension qu'une petite chose peut changer beaucoup. <br />Pour passer à une responsabilité avec une visée plus collective et générale, il faut s'ouvrir à l'idée qu'on n'est pas seul au monde, que chaque action a des conséquences et déclenche une autre action au-delà de nous. Nous n’avons pas encore assez conscience que nous sommes liés et interdépendants : la pollution de mon voisin m'affecte, la mort de l'océan m'affecte. <br />Nous plaçons trop souvent les problèmes et leur résolution à l'extérieur de nous-mêmes: c'est la faute de papa, de maman, des politiques, des entreprises, des pays voisins… etc. <br />Se responsabiliser, c'est regarder au fond de soi, ses propres fonctionnements. Mais la société n'aide pas à faire cela, en mettant en place un discours infantilisant (il faut faire ceci, cela, être comme ceci ou cela, on va rendre le monde meilleur, on va vous donner ceci ou cela…). Et donc forcément déresponsabilisant. <br /><br />Culpabilité <br /><br />Tout placer à l’extérieur à une autre conséquence, c’est que cela déculpabilise. Car mettre le problème à l'intérieur est souvent source de culpabilité. Nous devons apprendre à fonctionner autrement : apprendre à se responsabiliser, en acceptant totalement qu'on s'est trompé par exemple, mais qu'il nous est possible désormais d'agir autrement en tenant compte de l’expérience. <br />Il y a culpabilité quand on se sent responsable de quelque chose et qu'on pense qu’on n’a pas bien agi, que ce qu’on a fait n'est pas bien, pas assez, pas tolérable, alors on s'en veut, on se mortifie. Mais la responsabilité ce n’est pas ça, c'est la prise de conscience d'un acte, d’une situation, voir les choses comme elles sont, et que si c’est nécessaire, on peut désormais faire autrement. Avec la culpabilité, la référence est à l'extérieur : cela va avec une mésestimation de soi, de son propre jugement en faveur de celui de l'autre. On met l'évaluation à l'extérieur : l'autre sait pour moi. Ce sont des valeurs qu'on a intériorisées. La responsabilité demande une confiance, une estime de soi et de ce qu'on est capable de faire. <br />Paradoxalement c’est aussi un sentiment de culpabilité qui freine les gens à s’engager dans une réflexion plus profonde et plus efficace qui aboutirait à une action dans la lutte écologique. D’une certaine façon ils ne veulent pas se sentir encore coupables, comme d’avoir pris une douche de trop par semaine ou utilisé leur voiture sans calcul ou encore laissé la lumière allumée. Cela prouve d’une part, qu’ils sont mal informés,car il y a un gaspillage d’énergies polluantes beaucoup plus important, et d’autre part qu’entre responsabilité et culpabilité, la confusion est grande. <br />L'action sera plus juste par responsabilité que par culpabilité parce qu'on agira pour <br />l'action et pour tenter vraiment d’aider l'autre, et non pas pour s'apaiser soi-même. Donc le résultat ne sera pas le même. La question à se poser est "est-ce que je peux faire quelque chose pour cela?". Si oui, l'action sera juste et à la mesure de notre capacité d'action. Et donc hors de toute culpabilité. En plus, l'action aura un résultat qui répondra réellement aux besoins. <br /><br />Conditionnement et action <br /><br />Le conditionnement c'est l'apprentissage de comportements. Par exemple, la méthode de l'effort/récompense (il faut faire ceci pour obtenir cela) est un conditionnement. Le conditionnement nous fait refuser le mouvement de la vie. Cela peut même être érigé en <br />stratégie sociale. A l'inverse, une société libertaire, demande une grande conscience: une société où l’on peut être libre totalement de faire ce qu'on veut dans le respect total de l'autre, avec une justesse de l'action par rapport à un moment donné. Cela empêche tout pouvoir sur les autres, mais libère le pouvoir d'agir, l’action juste. <br />Pour sortir du conditionnement, il faut le courage d'affronter ses peurs, de regarder dans son jardin intime, de s'accepter comme on est pour retrouver notre authenticité. On peut faire cela d'une manière thérapeutique, mais aussi philosophique,artistique... etc. Cela demande du courage, parce que cela demande de changer en profondeur et de renoncer aux petits (ou grands) bénéfices qui nous avaient fait adopter ou garder ces fonctionnements. Voir son conditionnement exige d'aller voir la peur qui le sous-tend et donc demande de regarder ses "monstres", c'est-à-dire tout ce qu'on n'accepte pas de soi-même alors que ce sont des parts intimes de nous-mêmes et qu’on ne peut pas les éradiquer. Plus elles sont brimées plus elles reviennent en force avec à chaque fois plus de puissance. C'est seulement comme ça qu'on pourra commencer à accepter sa responsabilité sans plus la rejeter sur l'autre. On peut dire que la domestication de la nature correspond à la manière dont nous voulons domestiquer les ressentis, les émotions, les sentiments que nous ne jugeons pas acceptables. Ce sont ces sensations refoulées que j’appelle « nos monstres ». Si on ne les rejette pas ils prennent leur <br />juste place.<br /><br />Être plutôt que faire – trouver son centre <br /><br />Agir exige d'être, de penser à être, plutôt que de penser à faire. Être, cela signifie agir dans ce qu'on ressent, ce qu'on vit, en étant présent à son ressenti, ses désirs, en contact avec la réalité. <br />Parce qu'en étant bien ancrés dans la vie et centré en soi, l'action se fait beaucoup mieux. Alors que « le faire » sans être proche de son ressenti est plus directionnel, plus dans le "il faut", "c'est mieux comme ceci ou cela", ce qui est le contraire du mouvement. Et là on risque de rester uniquement dans le mental sans tenir compte d’une réalité globale. L’équilibre est rompu. <br />Nous devons donc apprendre à mener l'action en partant de notre centre et non en satisfaisant notre besoin de sécurité, pour qu'il n'y ait pas de problèmes, ni de prises de risques inutiles. Si on part de son centre, même sans cadre, sans suivre les "règles" en vigueur, avec cette confiance en soi et bien sûr en respectant les autres, l'action trouve sa place dans le mouvement naturel de la vie. Les choses se dessinent lorsqu'on ne résiste plus à notre ressenti ni à croire en nos propres perceptions. Être en phase avec soi-même permet de changer sa vision des choses, d’être créatifs et quitter la conception collective imposée, celle de la société, de l'entreprise, de l'époque, etc. <br />Attention cela ne règle pas tous les problèmes, mais on peut garder cette souplesse et cet accueil des problèmes, pour que l'action reste fluide. L'adaptation permanente aux <br />circonstances est nécessaire. <br />Je ne voudrais pas que mes propos s’entendent comme une invitation à la révolte aveugle. <br />Le travail sur son intériorité a aussi comme objectif d'être dans le monde, en relation avec les autres, de communiquer. Retrouver ses valeurs, ses ressources, c'est pour pouvoir créer des projets avec les autres. Le problème, parfois, dans le travail sur soi, le développement personnel, c'est le nombrilisme. Nous risquons de devenir très égocentriques et trop individualistes. Pour l'éviter, et voir au-delà de nous-mêmes, il est nécessaire d'être attentif à ce que ce retour sur soi libère l'énergie et nous ouvre aux autres, nous aide à trouver des solutions communes. Comment arriver à une entente lorsque l'on est tous dans une réalité différente ? Comment articuler toutes ces vérités personnelles pour créer une société ensemble ? Nous sommes obligés de commencer par soi. La psychothérapie nous aide mais ce <br />n'est qu'une partie, sinon nous restons dans le conditionnement, si nous passons d’une <br />stratégie à une autre nous changeons juste de système et rien n’est réglé.Geneviève Odierhttp://www.blogger.com/profile/14409175933314927067noreply@blogger.com0